S'abonner

Étude des tempéraments dépressif et hyperthymique chez 165 sujets contrôles et à risque pour les troubles de l’humeur - 17/02/08

Doi : ENC-12-2004-30-6-0013-7006-101019-ART1 

P. Chiaroni [1],

E.G. Hantouche [2],

J. Gouvernet [3],

J.M. Azorin [4],

H.S. Akiskal [5]

Voir les affiliations

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

pages 7
Iconographies 5
Vidéos 0
Autres 0

L’objectif de cette étude était d’évaluer la fréquence des tempéraments affectifs, selon les critères élaborés par Akiskal et Mallya, sur une population de témoins sans antécédent personnel de trouble de l’humeur. En effet, ces tempéraments ont été largement étudiés sur des cohortes de patients, mais on dispose de peu de données sur les populations de contrôles et les sujets à risque pour les troubles de l’humeur. Nous avons recruté et interviewé à l’aide du SCAN 185 sujets. Vingt ont été exclus pour leurs antécédents familiaux de psychose schizophrénique (n = 1), leurs antécédents personnels de trouble thymique (n = 7) ou pour leur tempérament cyclothymique (n = 12). Les 165 sujets restants ont été divisés en 3 groupes contrôles : dans le premier (AFN, n = 99), aucun ne présentait de pathologie psychiatrique familiale ; dans le second (AFP, n = 33), tous avaient des antécédents familiaux de trouble thymique au 1er ou 2e degré ; le troisième (FBP, n = 33) était composé de sujets recrutés dans la fratrie de patients bipolaires type I, selon les critères du DSM IV. Aucun de ces témoins ne présentait de tempérament cyclothymique. À chacun de ces sujets, nous avons fait passer un interview semi-structuré pour les tempéraments hyperthymique, dépressif et irritable. Nos résultats mettent en évidence une fréquence de dérégulation tempéramentale plus importante et statistiquement significative chez les sujets à risque (AFP et FBP) comparés aux témoins, indemnes de pathologie familiale (AFN). En effet, les scores moyens obtenus pour les 3 échelles, ainsi que le Z-score (moyenne + 2 sd), différencient les sous-groupes de témoins entre eux. De plus, le pattern d’anomalie tempéramentale ne semble pas identique dans les 2 groupes de témoins, avec antécédent familial et fratrie de bipolaires. En effet, le tempérament est préférentiellement de type dépressif chez les individus avec antécédent familial de trouble thymique. Au contraire, ces dérégulations tempéramentales sont plus hétérogènes dans la fratrie des patients bipolaires, chez lesquels on retrouve, à la fois, une fréquence importante de tempéraments hyperthymique ou dépressif. Ces résultats sont discutés en fonction des données de la littérature. Mais s’ils se confirmaient, ils pourraient témoigner en faveur d’une agrégation familiale de ces anomalies chez les sujets à risque et accréditeraient la thèse d’une pathologie affective sub-syndromique, en marge des épisodes affectifs majeurs. L’étude des tempéraments ouvre ainsi la possibilité d’un nouveau paradigme de recherche pour les études biologiques, en général, et génétiques, en particulier.

Hyperthymic and depressive temperaments study in controls, as a function of their familial loading for mood disorders

Since the two last decades, many authors have broadened the scope of mood disorders to include a larger bipolar spectrum which encompasses the sub-affective conditions, including temperaments. According to this view, the latter conditions represent milder or alternative expressions of the classic bipolar episodes. In successive elaborations, Akiskal et al. hypothesized a complex multicausal approach to bipolar disorder, and studied temperamental dysregulations, which could serve as risk factors for major episodes. Until recently, there have been several studies of patients populations, little is known in control populations. The aim of this report is to compare the rates of three affective temperaments (hyperthymic : TH ; depressive : TD ; irritable : TI) in non-ill subjects with different risk for mood disorders. (The cyclothymic temperament is studied as part of an other report). Methods – We recruited 185 individuals from : a) staff hospital ; b) sibling of patients suffering from bipolar disorder, type I. Twenty subjects were excluded : 7 suffered from personal affective trouble ; 12 exhibited cyclothymic traits ; and one had familial schizophrenia. In the 165 remaining subjects, the temperamental characteristics were assessed by mean of the Akiskal and Mallya’s criteria (1987, semi-structured interviews for affective temperaments, TH, TD, TI). Then, the population of controls was divided in 3 groups as a function of the familial loading for affective disorder and bipolar disorders : the first subgroup (AFN) was free of any antecedent (« super-normal controls », n = 99) ; the second subgroup (AFP) had familial antecedents at the first or second degree (normal controls but at risk for affective disorder, n = 33) ; the third subgroup (FBP) was composed of the siblings of bipolar I patients (subjects at high risk, n = 33). Statistical procedures included standard and non-parametric methods : means standard deviation, Fisher’s test, Mann-Whitney’ and Kuskall-Wallis’ tests, Spearman’s correlation coefficient. As described by Placidi and collaborators (12), we also used the Z-score (temperamental score strictly higher than the second positive standard deviation : m + 2 sd). Results – The general demographic characteristics show a higher frequency of women (p = 0.02) but a similar mean age (p = 0.296, NS) among the groups. The mean scores of the TH and TD are strongly and negatively correlated (Rho coefficient = – 0.397, p = 0.01), exhibiting the internal coherence of the responses. The comparison of the temperamental characteristics among the 3 groups exhibits significant differences for the TH and TI (p = 0.003). The mean scores are respectively : for the TH, 9.16  4.18 in AFN, 8.33  4.11 in AFP, and 12.16  5.28 in FBP ; and for the TI, 8.94  2.25 in AFN, 9.39  2.63 in AFP, and 10.84  2.76 in FBP. Conversely, the TD scores do not significantly differ : 6.01  3.27 in AFN, 6.76  4.34 in AFP, and 7.94  5.28 in FBP. Beyond theses first pass results, we also considered the distribution of the subjects as function of the Z-score and the different groups. We found that hyperthymic traits were almost exclusively among the FBP : 15.1 % vs 3.0 % in the other groups. For the TD, expressed in mean scores, the groups at risk for affective disorders (AFP and FBP) clearly display a percentage of subjects with a more substantial Z-score than the frequencies observed in the AFN : respectively 12.1 %, 18.1 % and 4.0 % for the TD. Concerning traits of all three temperaments, as function of the demographic variables and the Z-score, they are generally predominant in males ; however, the TH is more frequent in males only in the AFP and FBP groups (respectively : 8.3 % vs none ; 21.4 % vs 10.5 %). The TD is more prevalent among females in AFP and FBP (respectively: 8.3 % vs 14.3 % ; 21.1 % vs 14.8 %). Conclusion – Our results clearly show temperamental dysregulations in the subjects at risk for affective disorders : (1) the levels of all three affective temperaments under study are significantly higher in subjects at risk for affective disorder, as compared to individuals free of a family antecedent ; (2) the depressive temperament is prevalent in both AFP and FBP, whereas the hyperthymic is specific for FBP. As for Akiskal’s model on the multicausal origin of the mood disorders, our data supports temperamental dysregulation as an important familial genetic factor in the vulnerability to manic depressive episodes. We further posit that such temperaments – more specifically, the hyperthymic – could serve as proximal phenotypes for full-blown bipolar disorder.


Mots clés : Épidémiologie , Génétique , Spectre bipolaire , Tempérament; Trouble bipolaire , Vulnérabilité.

Keywords: Bipolar disorder , Bipolar spectrum , Genetics , Epidemiology; Temperament , Vulnerability.


Plan



© 2004 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Ajouter à ma bibliothèque Retirer de ma bibliothèque Imprimer
Export

    Export citations

  • Fichier

  • Contenu

Vol 30 - N° 6

P. 509-15 - décembre 2004 Retour au numéro
Article suivant Article suivant
  • Échelle de peur de l’évaluation négative (FNE) : propriétés psychométriques de la traduction française
  • C. Musa, N. Kostogianni, J.-P. Lépine

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’achat d’article à l’unité est indisponible à l’heure actuelle.

Déjà abonné à cette revue ?

Mon compte


Plateformes Elsevier Masson

Déclaration CNIL

EM-CONSULTE.COM est déclaré à la CNIL, déclaration n° 1286925.

En application de la loi nº78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez des droits d'opposition (art.26 de la loi), d'accès (art.34 à 38 de la loi), et de rectification (art.36 de la loi) des données vous concernant. Ainsi, vous pouvez exiger que soient rectifiées, complétées, clarifiées, mises à jour ou effacées les informations vous concernant qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte ou l'utilisation ou la conservation est interdite.
Les informations personnelles concernant les visiteurs de notre site, y compris leur identité, sont confidentielles.
Le responsable du site s'engage sur l'honneur à respecter les conditions légales de confidentialité applicables en France et à ne pas divulguer ces informations à des tiers.


Tout le contenu de ce site: Copyright © 2024 Elsevier, ses concédants de licence et ses contributeurs. Tout les droits sont réservés, y compris ceux relatifs à l'exploration de textes et de données, a la formation en IA et aux technologies similaires. Pour tout contenu en libre accès, les conditions de licence Creative Commons s'appliquent.