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Don d’ovocytes : secrets et mensonges - 18/02/08

Doi : SF-12-2005-4-6-1637-4088-101019-200504956 

L. Karpel,

M. Flis-Trèves,

V. Blanchet,

F. Olivennes,

R. Frydman

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Introduction. Depuis la loi de bioéthique de 1994, le don d’ovocytes en France est réalisé uniquement de manière anonyme. La donneuse d’ovocytes ne peut être rémunérée et aucune publicité incitant au don n’est autorisée. Bien que n’étant pas obligatoire, les couples demandeurs sont incités à motiver une femme volontaire, déjà mère et âgée de moins de 36 ans, à donner ses ovocytes dans le centre où ils sont suivis. Cependant, ils recevront de manière anonyme les ovocytes d’une autre femme.

Objectifs. Deux principales questions découlent de cette situation : que deviennent les relations entre les couples et la donneuse volontaire ? Le don constitue t-il un secret entre les parents et l’enfant né du don ?

Matériel et méthode. Nous avons contacté tous les parents (n  = 83) ayant donné naissance à un enfant, suite à un don d’ovocytes effectué dans notre centre, entre 1988 et 1998. Les parents ont été interviewés par la psychologue du service sur la base d’un questionnaire.

Résultats. Quatorze couples ont été perdus de vue (17,8 %) et 3 couples ont refusé de participer à notre étude. Soixante-dix pour cent des couples n’ont pas révélé à leur enfant le recours au don, alors que leur donneuse volontaire a été trouvée soit dans leur famille (50 %), soit parmi leurs amis (34 %), soit parmi leurs collègues (6 %) ou leur était inconnue avant son don (10 %). De plus, 41 % des couples ont nommé la donneuse volontaire comme marraine de l’enfant et 15 % des parents ont souhaité l’informer en priorité de la naissance de leur enfant. Pour remercier la donneuse volontaire, 57 % des couples lui ont offert un cadeau matériel et 33 % continuent à être aidant pour sa famille. Dix pour cent des donneuses ont refusé le cadeau. Lors de cette enquête en 2001, 25 % des parents n’avaient plus de contact avec la donneuse volontaire. Quant à la donneuse « réelle » à l’origine de la moitié du capital génétique de l’enfant, 63 % des parents ne souhaitent connaître aucune information à son propos, 20 % souhaitaient obtenir des informations d’ordre médical et 13 % recevoir toutes sortes d’informations la concernant. Seuls 2 % souhaitent connaître son identité et 2 % la rencontrer.

Conclusion. Le recours au don d’ovocytes constitue, dans 70 % des cas un secret, ou plutôt un non-dit entre les parents et l’enfant, puisque la donneuse volontaire est dans 75 % des cas encore en contact avec l’enfant. Le système français a créé une double dette chez les couples receveurs, une à l’égard de la donneuse « réelle » et l’autre à l’égard de la donneuse « volontaire ». Cependant, 41 % des parents trouvent un moyen d’humaniser la procédure de don, en offrant une place de marraine à la donneuse volontaire, dite « donneuse symbolique ».

Oocyte donation: parents’s secrets and lies.

Background. Since 1994, oocyte donation in France must be organized anonymously, in compliance with the bioethics law. The donation is free and any publicity to enrol donors is forbidden. In this system, the recipients are encouraged to incite a donor to visit the recipient’s fertility unit. These donors are called “symbolic” donors, since they allow the recipient to be entitred to receive oocytes from another anonymous donor. According to the law, this procedure can be performed both anonymously and non-anonymously.

Objectives. We wanted to study the implication of the anonymous system, focusing on the secret of the child’s conception and on the relationship between the recipient family and the “symbolic” donor.

Material and methods. We contacted all the patients (n=83) who had children with oocyte donation in our center between 1988 and 1998. These patients participated in an interview conducted with a standardized questionnaire.

Results. Fourteen (17.8%) of the couples were lost to follow-up and three declined to participate. Five recipient couples preferred a non-anonymous donation. In all, 70% of the couples had not yet told their child about the donation. They had mentioned the IVF but not the donation despite of the fact that 50% of symbolic donors came from the family of the recipients, 34% from their friends, or 6% from their professional environment; 10% were not related to the recipients. Long after the child’s birth, 25% of the recipients had no contact with the symbolic donor but 41% had selected her as the child’s godmother and 15% of symbolic donors were the first to be informed of the birth of the child. After the donation, a gift was offered to the “symbolic” donor by 57% of couples, 33% did not know how to thank them (retribution is forbidden by law) and 10% of couples mentioned that their donor refused any gift. Concerning the donor whose oocytes were used, 63% of recipients did not want to know anything about her. 20% would have liked to have medical information and 13% would like to have all kind of information about her. Only 2% of recipients would have liked to know her identity and 2% would have liked to meet her.

Conclusion. In agreement with earlier reports in the literature, the majority (70%) of the parents did not inform their child about the oocyte donation even though the symbolic donor was in contact with the child (being his aunt or his godmother for example). The French system has created a double debt: one related to the real donor and another related to the symbolic donor. In the long run, the parents have found a way to humanize this technique: they have given a symbolic place of godmother to the volunteer donor.


Mots clés : Don d’ovocytes , Secret , Psychologie

Keywords: Oocytes donation , Secrecy , Psychology


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Vol 4 - N° 6

P. 262-272 - décembre 2005 Retour au numéro
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