Traumatismes et pathologies ostéo-articulaires à bord des voiliers de loisir croisant aux Antilles - 19/02/08
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La Martinique voit chaque hiver un nombre croissant de voiliers en provenance d’Europe, d’Amérique du Nord et du Sud y faire escale. Cette population méconnue cumule les risques sur le plan médical du fait de son moyen de transport, des zones qu’elle traverse et de son isolement. Il n’existe aucune publication sur cette population. Le but de cette étude est de mieux connaître cette population habitant une grande partie de l’année sur des bateaux à voile croisant aux Antilles et, en particulier, d’étudier l’épidémiologie des lésions traumatiques et des pathologies ostéo-articulaires et d’essayer d’en déduire des moyens de prévention.
Ce travail a été réalisé à partir de l’interrogatoire de 100 équipages de voiliers de croisière en escale à la Martinique de décembre 2001 à mai 2002. Les données ont été recueillies à l’aide d’un questionnaire lors d’un entretien singulier d’une heure environ avec l’un des auteurs (F.M.). Pour être inclus dans l’étude il fallait être francophone, vivre à bord 6 mois par an au minimum.
La population étudiée se répartie en 3 effectifs : 1/3 des équipages a quitté l’Europe depuis moins d’un an. 1/3 navigue depuis de nombreuses années autour du monde. 1/3 effectue chaque année une transhumance le long de l’archipel des Petites Antilles.
Il y a eu 56 cas de traumatismes recensés, 20 cas concernaient le membre supérieur et 20 cas le membre inférieur, 7 cas l’atteinte de la tête et du cou. Il y a eu 19 brûlures dont 11 photo-induites et 8 accidentelles, et 16 infections cutanées qui se sont compliquées d’arthrites dans 3 cas. Il a été noté aussi 10 lombosciatalgies et 4 pathologies tendineuses de type microtraumatisme sportif.
Cette étude nous a permis de montrer que les endroits à risque sur un bateau sont surtout le pont, que la fréquence des traumatismes est, en fait, fonction de l’expérience des équipages et en particulier en rapport inverse avec le nombre de milles parcourus.
Les atteintes du membre inférieur intéressent surtout le pied. Le port de chaussure permettrait d’éviter plus de la moitié des traumatismes. Au membre supérieur, la main est la plus touchée. Un capot de descente permettrait d’éviter les traumatismes crâniens dus à la bôme. Bien que tous les équipages soient sensibilisés à la protection solaire, l’équipement du bateau en bimitop serait une mesure de protection bien utile. Un guindeau même mécanique permettrait d’éviter les plaies des mains ainsi que les lombalgies aiguës. Enfin, le traitement soigneux de toutes les plaies jusqu’à guérison complète permettrait d’éviter les surinfections cutanées, si fréquentes, dans ce milieu marin.
Si les pathologies des marins professionnels et des équipages de course au large sont bien étudiées, celles du plaisancier à la voile le sont peu, alors que cette population est en augmentation et qu’elle doit assurer seule, le plus souvent, une totale autonomie en particulier médicale.
Bone and joint injuries in amateur crews sailing in the Antilles |
Background: Each winter a growing number of persons arrive in the Antilles on sailboats coming from Europe or North or South America. These persons have crossed various geographical zones, which together with their mode of transportation and its relative isolation, combine to constitute a relatively unknown population. The purpose of this study was to better apprehend the population which lives a large part of the year on sailboats cruising in the Antilles, focusing on the epidemiology of traumatic bone and joint injuries and means of prevention.
Material and methods: We questioned the crews of 100 sailboats putting into the port of Martinique from December 2001 to May 2002. Data were collected with a standard questionnaire during a one-hour interview conducted by one of the authors. Inclusion criteria were French nationality and residence on the sailboat for at least six months per year.
Results: The study population could be divided into three groups: one-third of the crews had left Europe less than one year before, one – third had been sailing around the world for several years, and one-third took a long cruise through the Lesser Antilles every year. The survey identified 56 cases of traumatic injury, 20 involving the upper limb and 20 the lower limb. There were 7 cases of head and neck trauma, and 19 burns (11 photo-induced and 8 accidental) as well as 16 skin infections complicated by arthritis in 3. The survey also noted 10 cases of lumbosciatalgia and 4 tendon disorders of the microtrauma type.
Discussion: This study demonstrated that the deck is the most dangerous area on a boat and that the frequency of injuries is related to crew experience and inversely proportional to the number of miles covered. Lower limb injuries were predominantly foot injuries which can be avoided by wearing shoes. Hand injuries predominated on the upper limb. A descent pad for the boom can reduce head trauma. Although all of the crews were aware of the need for sun protection, a binitop would be useful. A windlass could help avoid hand injuries and back pain. Finally, careful treatment of all wounds until complete healing could avoid cutaneous superinfections frequent in this population.
Conclusion: Pathological conditions are widely studied for professional and competition sailors but little is known about the growing amateur sailing population which often must cope with problems, including medical problems, alone.
Mots clés : traumatismes , accidents , brûlures , bateau à voile , pathologies ostéo-articulaires , sport de loisir , plaisance , transatlantique , tour du monde , Antilles
Keywords:
Trauma
,
accidents
,
burns
,
sailboat
,
bone and joint disease
,
amateur sports
,
pleasure boating
,
transatlantic
,
Antilles
,
world tour
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Vol 21 - N° 4
P. 218-227 - décembre 2004 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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