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P19: Un train peut en cacher un autre… : une intoxication aux stupéfiants avérée compliquée d’une atteinte traumatique cérébrale - 28/06/14

Doi : 10.1016/S2352-0078(14)70080-0 
P. Bernadet 1, O. Cassone 2, K. Titier 3, V. Dumestre-Toulet 4, A. Courtois 1, M. Labadie 1
1 Centre antipoison et de toxicovigilance de Bordeaux, CHU de Bordeaux, Bordeaux, France 
2 Service des urgences, CHU de Bordeaux, Bordeaux, France 
3 Laboratoire de pharmacotoxicologie, CHU de Bordeaux, Bordeaux, France 
4 Laboratoire Toxgen, Bordeaux, France 

Résumé

Introduction

Nous rapportons le cas d’un patient de 38 ans pris en charge dans un service d’urgence pour agitation, confusion et hallucinations associées à un traumatisme facial dans un contexte de poly-intoxication aux stupéfiants.

Cas clinique

Un homme de 38 ans est retrouvé au sol dans son appartement par les pompiers. Ceux-ci ont été avertis par la mère du patient, inquiète car il ne s’était pas présenté à son travail. Il a été retrouvé dans un état d’agitation extrême, avec de nombreux hématomes de la face, et immédiatement admis au service d’urgence le plus proche. Dans ce contexte d’agression supposée, la police se rend sur les lieux et trouve des petits sachets de poudre blanche, et une fiole de liquide indéterminé. Après analyse, ces substances sont identifiées comme de la 4-méthyl-N-méthylcathinone (méphédrone), 4-méthyl-N-éthylcathinone, et de la gamma-butyrolactone.

Le patient n’a aucun antécédent médical connu. A son admission à l’hôpital, il reste agité et présente des hallucinations auditives et visuelles. Une ponction lombaire est réalisée à la recherche d’une étiologie infectieuse, ainsi qu’un TDM cérébral sans injection en urgence. Un traitement antibiotique et anti-viral est administré à titre préventif dans l’attente des résultats de ces examens. Le TDM cérébral a retrouvé la présence d’hypodensités temporales bilatérales, et la ponction lombaire n’a retrouvé aucun signe en faveur d’une infection virale ou bactérienne.

En raison de la persistance des signes neurologiques dans ce contexte de toxicomanie, le centre antipoison a été contacté 48h plus tard pour avis. Un screening toxicologique sur les urines effectué 48h après l’exposition supposée est revenu positif pour l’aciclovir, les benzodiazepines et la loxapine (substances administrées au patient dans le cadre de sa prise en charge médicale) mais négatif pour les stupéfiants. En raison de la persistance des signes cliniques, une IRM cérébrale a été réalisée et a retrouvé des lésions hémorragiques temporales bilatérales.

Discussion

En raison de la clinique initiale, les étiologies suspectées à l’admission ont été une méningite infectieuse, et/ou un traumatisme crânien. Le diagnostic de méningite infectieuse a été rapidement écarté par la ponction lombaire. Mais dans la mesure où des substances toxiques avaient été retrouvées au domicile du patient, le diagnostic étiologique s’est orienté rapidement vers celui d’une intoxication sans qu’une cause traumatique n’ait été formellement éliminée, ce d’autant qu’au vu des données de la littérature, les intoxications avec ce type de stupéfiants peuvent donner des tableaux cliniques similaires à celui présenté par le patient. Néanmoins, la persistance des signes au delà de 48h plaidait en défaveur d’une étiologie toxique, et c’est pourquoi l’IRM a été réalisée. Elle a posé sans aucun doute le diagnostic de lésions cérébrales hémorragiques post-traumatiques. Il est facile d’imaginer que l’agitation sévère en rapport avec la consommation de stupéfiants soit à l’origine d’une chute avec traumatisme crânien, expliquant l’hémorragie cérébrale. Le patient a eu une évolution favorable avec récupération ad integrum mais n’a pas eu le souvenir de ce qui s’est réellement passé.

Conclusion

Ce cas montre bien qu’il faut impérativement analyser les stupéfiants en cause et ainsi savoir la durée de leurs effets cliniques attendus pour ne pas méconnaître un autre diagnostic, à l’origine d’un retard de prise en charge.

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Vol 26 - N° 2S

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