Les populations rurales tunisiennes, ont un niveau socioéconomique modeste et des conditions de vie difficiles ; elles n’ont pas accès à l’eau potable et leurs maisons ne sont pas raccordées au réseau d’assainissement. Ces conditions particulières favorisent l’apparition et la propagation des maladies qui sont associées au niveau d’hygiène. L’objectif de ce travail était de décrire le type de morbidité et l’utilisation des structures de soins dans cette population.

Nous avons conduit une enquête exhaustive en population dans trois localités rurales de la région de Sidi Bouzid, au centre de la Tunisie, en juin 2013. Les données recueillies ont concerné les caractéristiques sociodémographiques, les conditions de l’habitat et son environnement, les antécédents des membres des ménages, les séjours hospitaliers et leurs motifs.

Nous avons enquêté 2353 ménages, qui comportaient 12 457 individus, le nombre moyen de personnes par foyer était de 5,3±2,3. Environ 60 % (58,9 %) des ménages ont enregistré au moins une maladie transmissible parmi ses membres et un ménage sur cinq (20,4 %) avait une maladie chronique. La prévalence de la leishmaniose cutanée zoonotique (LCZ) était de 55,9 %, celle de l’échinococcose était de 3,1 % et la prévalence de la tuberculose et de l’hépatite virale était respectivement de 2,7 et 2,8 %. L’hypertension artérielle était présente chez 13,6 % des ménages, le diabète parmi 8,1 % d’entre eux, les cardiopathies parmi 4,7 % et seulement 3 ménages ont enregistré des cas de cancers. Un séjour hospitalier a été noté chez 24,7 % des ménages et 52 % parmi eux n’étaient pas satisfaits des services alloués par les centres de santé à cause du manque des médicaments (37,8 %).

Les maladies transmissibles sont plus fréquentes dans cette zone que les maladies chroniques. La LCZ est la plus endémique parmi ces maladies. En effet, la région de Sidi Bouzid constitue un écosystème favorable à l’éclosion des maladies à transmission vectorielle, notamment la LCZ.