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Décès maternels par embolie amniotique en France (2005–2009) - 30/08/14

Doi : 10.1016/j.annfar.2014.07.010 
D. Zlotnik 1, , C. Deneux-Tharaux 2, M. Saucedo 2, M.-H. Bouvier-Colle 2, M.-P. Bonnet 1, 2
1 Service d’anesthésie-réanimation chirurgicale, hôpital Cochin, hôpitaux universitaires Paris Centre, AP–HP, université Paris-Descartes 
2 Équipe EPOPé (Recherche en épidémiologie Périnatale, obstétricale et pédiatrique), centre de recherche épidémiologie et biostatistique (Inserm U1153), Paris, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

L’embolie amniotique (EA) est une pathologie rare mais grave. Elle représente un défi pour les soignants et les chercheurs de part sa physiopathologie mal connue, la variété des présentations cliniques et l’absence de marqueurs spécifiques validés. Néanmoins, certains signes cliniques (collapsus cardiovasculaire, détresse respiratoire, convulsions et/ou coma, coagulopathie) sont classiquement présentés comme cardinaux dans l’EA et doivent éveiller l’attention des soignants. L’objectif de ce travail est de décrire les tableaux clinicobiologiques et les outils diagnostiques utilisés dans les cas de décès maternels par EA en France.

Matériel et méthodes

À partir des données de l’Enquête Nationale Confidentielle sur les Morts Maternelles, 34 décès maternels par EA ont été identifiés en France entre 2005 et 2009. Le ratio de mortalité maternelle par EA a été calculé pour cette période. Les caractéristiques maternelles de la grossesse et de l’accouchement, et celles de la pathologie ont été décrites dans ces 34 cas.

Résultats

Le ratio de mortalité maternelle par EA est de 0,83/100 000 naissances vivantes. Parmi les 34 femmes décédées d’EA, 17 (50 %) avaient un âge maternel>35ans, 28 (82 %) étaient multipares. Dans 13 cas (38 %), l’accouchement était déclenché. Dans 22 cas (65 %), des prodromes d’EA étaient retrouvés, le plus souvent à type de dyspnée (10 cas) et de malaise (8 cas). Les symptômes d’EA retrouvés étaient un collapsus ou un arrêt cardiocirculatoire (31 cas, 91 %), une coagulopathie (25 cas, 74 %), une détresse respiratoire (16 cas, 47 %), des convulsions (11 cas, 32 %). Dix-neuf femmes (56 %) ont présenté 3 ou plus de ces symptômes associés. Les prodromes ou les premiers symptômes en l’absence de prodromes sont apparus avant le travail dans 2 cas (6 %), au cours du travail dans 18 cas (53 %), pendant une césarienne dans 5 cas (15 %) et à distance de l’accouchement dans 9 cas (26 %). Parmi les 18 femmes dont les premiers signes sont apparus au cours du travail, 7 ont accouché par voie basse, 11 par césarienne. Une hémorragie était associée dans 27 cas (79 %). Le rapport de masculinité était de 2,4 garçons pour 1 fille. Les marqueurs biologiques ont été recherchés dans un cas sur 3, et dans 80 % les résultats faisaient suspecter une EA. Vingt femmes furent hospitalisées en réanimation (59 %), avec une suspicion d’EA à l’admission dans 14 cas. Une autopsie était réalisée dans 16 cas au total (47 %) et dans 6 cas sur 7 lorsque les 4 signes cardinaux d’EA étaient présents.

Discussion

Le ratio de mortalité maternelle par EA est comparable à ceux rapportés dans d’autres pays avec des systèmes similaires de surveillance de la mortalité maternelle. Le profil des femmes décédées d’EA montre des proportions plus élevées de parturientes âgées, multipares, déclenchées, et accouchant de garçon par rapport au profil des parturientes en France et au profil des femmes décédées de mort maternelle toute cause confondue. Une césarienne est plus souvent réalisée à la suite de l’apparition de signes d’EA qu’avant. Malgré la présence fréquente de prodromes et de symptômes cardinaux, les examens à visée diagnostique restent encore insuffisamment réalisés, notamment lorsque le tableau clinique est incomplet. Il s’agit donc de rester vigilant et de ne pas négliger les signes cliniques d’EA.

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Vol 33 - N° S2

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