Chirurgie de scoliose idiopathique du grand enfant : quelle technique d’épargne transfusionnelle préopératoire choisir ? - 30/08/14
Résumé |
Introduction |
Du fait d’une amélioration des techniques de conservation des produits sanguins labiles et des nouvelles techniques de détection virale, les transfusions de sang autologue et homologue exposent dorénavant les patients aux même risques graves, que sont les erreurs d’administration. En chirurgie de scoliose idiopathique, deux techniques d’épargne sanguine préopératoire sont utilisées : la transfusion autologue programmée (TAP) ou l’administration préopératoire d’érythropoïétine humaine recombinante (EPOrh). Le but de notre étude était de comparer ces deux techniques.
Matériel et méthodes |
Étude rétrospective monocentrique, inclusion de tous les patients opérés dans notre institution pendant deux ans. En 2011, la technique d’épargne sanguine utilisée était la TAP (n=36 patients), et en 2012 l’EPOrh (n=28 patients). L’analyse statistique a été réalisée à l’aide de tests de Mann–Whitney, Chi2, Kruskal–Wallis, et les tests de Dunn, p a été fixé à 5 %.
Résultats |
Soixante-quatre patients ont été inclus : 36 en 2011 (TAP), et 28 en 2012 (EPOrh). Au cours de la période d’étude, l’équipe chirurgicale n’a pas changé, et tous les patients ont été traités en peropératoire par acide tranexamique et système de récupération et lavage du sang autologue. Entre 2011 et 2012, nous avons pu noter une diminution, à la fois, du taux de transfusion globale (transfusion autologue et homologue) de 86 à 25 % (p<0,05) et du taux de transfusion hétérologue de 36 à 25 % (p=0,49). En 2011, 17 des 36 patients opérés n’ont pas été inclus dans le programme TAP. Cette faible application de 53 % a entrainé qu’en 2011, 17 patients ont été opérés sans technique d’épargne sanguine préopératoire (ni TAP ni EPO). En 2012, l’EPO avait une plus grande applicabilité de 96 % (p<0,05), seul 1 patient a été opéré sans technique d’épargne sanguine préopératoire. Trois groupes ont ainsi pu être analysés : le groupe TAP (n=19), le groupe ni TAP ni EPO (n=18) et le groupe EPO (n=27). Ces groupes étaient similaires en terme de déterminants du recours à la transfusion (nombre de segments opérés, angle de la déformation, et durée de chirurgie), de pertes sanguines estimées et d’hématocrites postopératoires. L’analyse selon la technique d’épargne sanguine préopératoire effective, a noté un taux de transfusion globale plus faible dans le groupe EPO (22 %) que dans le groupe TAP (100 %) et ni TAP ni EPO (78 %) (p<0,05). De plus, lors des transfusions, le nombre de CGR administré était plus faible chez les patients du groupe EPO que chez ceux des groupes TAP et ni TAP ni EPO (p<0,05).
Discussion |
Nos résultats montrent que dans la chirurgie de scoliose idiopathique, l’administration préopératoire d’EPOrh diminue, par rapport à un protocole de TAP, l’exposition à la transfusion sanguine globale. Cette différence s’explique par la faible applicabilité de la technique de TAP qui est moindre que celle de l’EPOrh. En effet, il s’agit d’une technique plus lourde à mettre en place, ayant de nombreuses contre-indications, nécessitant des prélèvements sanguins itératifs et pouvant exposer le patient à une anémie préopératoire. En termes de recours à la transfusion hétérologue, et lorsqu’elle peut être réalisée, la TAP possède une efficacité certaine mais au prix d’une exposition plus fréquente à la transfusion autologue. À l’heure où la sureté des produits sanguins labiles semble optimale, il ne semble pas légitime d’exposer les patients à un risque d’erreur transfusionnel plus important avec la TAP. Il semble donc raisonnable de proposer systématiquement l’administration d’EPOrh en préopératoire de cette chirurgie.
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Vol 33 - N° S2
P. A188-A189 - septembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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