Des arguments en faveur d'une relation entre hyperhomocystéinémie et démences - 21/02/08
Catherine Masson
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Objectifs |
Bien que la maladie d'Alzheimer soit une démence liée à des lésions dégénératives, le rôle favorisant de facteurs de risque vasculaire a été mis en évidence dans diverses études. Ce fait est important car, contrairement à d'autres facteurs de risque de la maladie d'Alzheimer tels que l'âge ou les facteurs génétiques, certains facteurs de risque vasculaire, comme l'hypertension artérielle, sont modifiables. Il a été montré par ailleurs que l'élévation du taux plasmatique de l'homocystéine est un facteur de risque vasculaire, ce qui conduit à s'interroger sur une relation éventuelle entre une hyperhomocystéinémie et la survenue d'une maladie d'Alzheimer. Deux études cas-contrôle ont trouvé des taux plus élevés d'homocystéine plasmatique chez les patients ayant une maladie d'Alzheimer, mais la signification de cette constatation est incertaine dans la mesure où elle pouvait être la conséquence des troubles nutritionnels (carence en folates, en vitamine B12) induits par la démence. L'étude prospective réalisée par Seshadri et al. a permis d'évaluer les relations entre le taux de l'homocystéine plamatique et la survenue d'une maladie d'Alzheimer dans une large population de sujets dont l'état cognitif était normal au moment de l'inclusion.
Méthode |
L'étude a porté sur 1 092 sujets de la cohorte de Framingham, non déments au moment de l'inclusion. Il s'agissait de 667 femmes et de 425 hommes dont l'âge moyen était 76 ans (extrêmes : 68 à 92 ans). Le taux de l'homocystéine plasmatique a été mesuré lors de l'inclusion, mais aussi chez 935 de ces sujets (86 %), 8 ans en moyenne avant l'inclusion. Un dosage de la vitamine B12, de la B6 et des folates a été réalisé respectivement chez 85 %, 92 % et 98 % des sujets. L'état cognitif des sujets de cette cohorte a été évalué de façon bi-annuelle par le mini-mental state et chaque année par un examen neurologique et neuropsychologique lorsque l'on suspectait l'apparition d'une démence. Le diagnostic final de démence et du type de la démence était posé par deux neurologues et un neuropsychologue. Le génotype de l'apolipoprotéine E a été déterminé chez 93 % de ces sujets. Les autres facteurs de risque potentiels tels que la consommation d'alcool et de tabac, l'hypertension artérielle, le diabète et le niveau d'éducation ont aussi été évalués chez ces patients.
Résultats |
Une élévation de légère à modérée du taux d'homocystéine plamatique (> 14 mmol/litre) a été observée chez 30 % des sujets. Dans aucun cas, une hyperhomocystéinémie sévère (> 100 mmol/litre) n'a été notée. Sur une période moyenne de suivi de 8 ans, une démence s'est développée chez 111 sujets. Il s'agissait d'une maladie d'Alzheimer possible chez 11 patients, probable chez 67 patients et définie dans 5 cas où le diagnostic a été confirmé anatomiquement à l'autopsie. Après ajustement pour l'âge (le taux de l'homocystéine plasmatique augmente avec l'âge), le sexe et le génotype APOE, il existait une forte association entre le taux d'homocystéine plasmatique, mesuré lors de l'inclusion, et le risque de démence et de maladie d'Alzheimer. Une hyperhomocystéinémie plasmatique (> 14 mmol/litre) était en relation avec une augmentation du risque de démence et de maladie d'Alzheimer (risque relatif : 1,9). Une augmentation du taux d'homocystéine plasmatique de 5 mg/litre augmentait le risque de maladie d'Alzheimer de 40 %. Les taux de folates, vitamine B12 et B6, ne constituaient pas un facteur de risque indépendant de démence ou de maladie d'Alzheimer. Après ajustement pour les autres facteurs de risque tels que le niveau d'éducation, la pression artérielle systolique, le diabète, les antécédents vasculaires cérébraux ou le taux de cholestérol, les résultats concernant la relation entre le taux d'homocystéine plasmatique et le risque de démence et de maladie d'Alzheimer étaient inchangés. La même relation entre l'apparition d'une démence et le taux d'homocystéine plasmatique mesuré en moyenne 8 ans avant l'inclusion a été mise en évidence.
Conclusion |
Une augmentation du taux plasmatique de l'homocystéine est un fort facteur de risque indépendant pour le développement d'une démence et d'une maladie d'Alzheimer.
Plan
© 1783 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Vol 31 - N° 38
P. 1783-1784 - novembre 2002 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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