Risques sanitaires liés au mercure, à propos d’un cas de contamination domestique - 14/11/14
Résumé |
Introduction |
Malgré l’interdiction à la vente des thermomètres médicaux en mars 1999 et une campagne de collecte par les officines, de nombreuses sources de mercure sont encore présentes dans l’habitat (baromètres, thermomètres, fioles), constituant ainsi un risque sanitaire non négligeable. L’inhalation aiguë ou chronique des vapeurs de mercure est le risque principal, souvent méconnu de la population.
Observation |
La contamination de l’habitat d’un couple âgé est rapportée, suite à la dispersion de quelques millilitres de mercure sur un revêtement de sol en sisal, dans une chambre mansardée utilisée comme atelier photographique. La métrologie ainsi que la décontamination sont difficiles à mettre en œuvre, malgré de multiples contacts avec l’ARS et des sociétés spécialisées privées. Finalement, la métrologie et le retrait du sisal ont lieu dans un délai de 6 mois (facture de plus de 6000 euros partiellement aux frais de l’assureur) pour un résultat non satisfaisant. Les taux atmosphériques mesurés diminuent de 0,46mg/m3 à 0,035mg/m3. Cette dernière valeur, qualifiée de « normale » par la société de décontamination privée, est toutefois supérieure aux valeurs toxiques de référence en inhalation (ATSDR=0,0002mg/m3 ou IRIS=0,0003mg/m3). Une tentative de confirmation des taux résiduels est un échec : l’enregistreur utilisé par une association de surveillance de la qualité de l’air (AIRLOR), trop sensible, sature immédiatement. Cela confirme cependant que le mercure reste présent à des concentrations élevées dans l’ensemble de l’habitat, y compris les pièces de vie.
Discussion |
L’intoxication mercurielle chronique se traduit par une atteinte neurologique débutant par des symptômes aspécifiques (troubles du sommeil et de l’humeur, difficultés mnésiques et de concentration). Les vapeurs de mercure ont aussi un effet sur la reproduction (fertilité et avortements spontanés). Les populations à risque, comme pour d’autres métaux lourds, sont donc les jeunes enfants et les femmes en âge de procréer.
Cette observation souligne la difficulté d’obtenir une métrologie atmosphérique dans le domaine privé et d’organiser une décontamination efficace des logements. Plusieurs problématiques se posent : moyens d’action et compétences des organismes publics ou privés, qualité des dosages, choix de mesures correctives efficaces, coût et prise en charge des frais induits. Dans le cas rapporté, il persiste à domicile un risque d’exposition chronique, notamment lors d’hébergement d’enfants en bas âge ou lors de la revente du bien à un jeune couple. Ce risque peut en outre être totalement ignoré des futurs occupants.
Conclusion |
L’observation proposée illustre un risque non maîtrisé d’exposition méconnue des habitants actuels et futurs. Comme d’autres polluants (plomb, amiante, radon…), le mercure est invisible dans l’habitat. Sous réserve de progrès indispensables du cahier des charges et du contrôle qualité des opérateurs, une mesure du taux atmosphérique de mercure pourrait être proposée lors du diagnostic technique immobilier obligatoire.
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Vol 26 - N° 4
P. 214 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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