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Complication atypique après injection d’héroïne - 14/11/14

Doi : 10.1016/j.toxac.2014.09.036 
N. Ihadadène 1, , C. Tournoud 1, J. Tournebize 2, D. Bazin 3, A. Benoilid 4, F. Flesch 1
1 Centre antipoison et de toxicovigilance, Nouvel hôpital Civil, Strasbourg, France 
2 CEIP, centre hospitalier universitaire, Vandœuvre-Les-Nancy, France 
3 Service de néphrologie, Nouvel hôpital Civil, Strasbourg, France 
4 Service de neurologie, centre hospitalier universitaire, Strasbourg, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

L’usage de l’héroïne peut être à l’origine de complications : dépression respiratoire, troubles neurologiques, rhabdomyolyse, insuffisance rénale. Les neuropathies périphériques non traumatiques et non inflammatoires sont rares et à notre connaissance jamais décrites en France.

Observation

Un homme âgé de 32ans, obèse, tabagique, héroïnomane depuis 10ans, s’est injecté par voie IV, après une période de sevrage de 6 mois, de l’héroïne (sous forme de « caillou ») achetée à un nouveau revendeur. Il se réveille 24heures plus tard, couché au sol, avec une totale impotence des membres inférieurs. Il est retrouvé le lendemain (H48) par un ami venu prendre de ses nouvelles. À l’admission en réanimation, il est conscient, orienté et les constantes hémodynamiques sont stables. Il présente une paraplégie avec une sensibilité profonde perturbée. Le patient est anurique et le bilan biologique retrouve une insuffisance rénale aiguë (créatinine 60mg/L, urée 1,59g/L), une hyperkaliémie (6,8mmol/L), une rhabdomyolyse (CPK 226 000 UI/L), une cytolyse hépatique (ASAT 2000 UI/L, ALAT 792 UI/L) LDH 147 000 UI/L. La recherche de toxiques dans le sang est négative mais les opiacés sont positifs dans les urines. Le scanner abdominopelvien ne retrouve pas de lésions post-traumatiques et il n’y a pas de signes en faveur d’une compression médullaire à l’IRM dorso-lombaire. Devant l’amélioration de la fonction rénale sous dialyse, le patient a été transféré en néphrologie à j17 puis en neurologie à j24. L’EMG réalisé conclut à une polyneuropathie sensitivo-motrice axonale des membres inférieurs de type polyradiculonévrite. Les examens bactériologiques et immunologiques sont revenus négatifs. 4 mois plus tard, le patient marche avec une canne, présente des paresthésies et des zones d’hypoesthésie au niveau des jambes. Un reste de produit injecté a été analysé (GC/MS) et confirme la présence d’opiacés : héroïne (1,25 %), 6-monoacétylmorphine (2,85 %), morphine (0,03 %).

Discussion

La physiopathologie des neuropathies périphériques non traumatiques et non infectieuses posthéroïne est non élucidée. Très peu de cas ont été publiés dans la littérature. Deux hypothèses physiopathologiques ont été évoquées, à savoir celle d’une toxicité directe de l’héroïne ou de ses additifs ou celle en rapport avec un mécanisme immunologique. Dans notre cas, le seul produit de coupe retrouvé est le paracétamol, ce qui n’exclut pas la présence d’autres substances, les produits testés étant ceux de la bibliothèque du laboratoire. Le patient s’est injecté une héroïne achetée à un revendeur inhabituel donc probablement différente de celle qu’il s’injectait auparavant. Par ailleurs, dans les publications comme dans le cas présent, il existait une période de sevrage avant la réintroduction, ce qui serait un argument plutôt en faveur d’un mécanisme immunologique.

Conclusion

L’utilisation d’héroïne peut entraîner des troubles neurologiques périphériques sans étiologie compressive ou inflammatoire. Cette complication est rare et son mécanisme physiopathologique reste inconnu. L’évolution est lentement régressive et souvent séquellaire.

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Vol 26 - N° 4

P. 226 - décembre 2014 Retour au numéro
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