Éruption cutanée, œdème laryngé et urines roses - 14/11/14
Résumé |
Introduction |
Les intoxications aiguës par sédatifs/hypnotiques s’accompagnent de troubles de la conscience, mais exceptionnellement de réactions allergiques. Nous rapportons une observation de manifestations inattendues après l’ingestion suicidaire d’une préparation d’extraits de valériane.
Observation |
Un homme de 55ans, aux antécédents d’alcoolisme chronique, était admis après l’ingestion volontaire de 20 comprimés d’une préparation magistrale censée contenir exclusivement 500mg d’extraits de valériane par comprimé. Le patient avait également consommé une quantité importante d’éthanol, qui avait conduit à une éthanolémie à l’admission de 2,8g/L. Dans l’heure qui suivait l’ingestion, il présentait une altération de la conscience, mais également un érythème diffus sur la face, le tronc et les membres, ainsi qu’une dyspnée inspiratoire. À l’admission, le score de Glasgow passait rapidement de 10 à 5/15, les pupilles étaient de diamètre intermédiaire, la température de 35,9°C. Une intubation orotrachéale était indiquée en urgence et elle mettait en évidence un œdème laryngé extrêmement important. L’auscultation pulmonaire était sans particularité. Peu après l’intubation, un état d’agitation nécessitait l’administration de propofol en perfusion continue. Les premières urines émises par le patient étaient de couleur rose, avec présence d’un sédiment de couleur identique dans le sac de collecte. Le pH urinaire était de 5, avec présence de cristaux d’acide urique. Sur la base de cette coloration urinaire, la présence d’une substance toxique additionnelle était suspectée. Le pharmacien responsable de la préparation reconnut avoir ajouté 20mg de prométhazine par comprimé, sans aucune mention sur le produit conditionné. Cette substance était par ailleurs la seule retrouvée à l’analyse toxicologique sanguine et urinaire (4,2mg/L). L’éruption cutanée et l’œdème laryngé persistaient pendant trois jours, malgré un traitement par méthylprednisolone. L’extubation était possible au 4e jour et les suites étaient non compliquées.
Discussion |
Les extraits de valériane ne s’accompagnent jamais de réactions allergiques systémiques importantes. Quant à la prométhazine, la possibilité d’une réaction allergique est également extrêmement rare. Notre patient était exposé pour la première fois à ces deux substances et n’avait pas d’allergies connues. Exceptionnellement, la prométhazine a pu occasionner un stridor, des sibillances respiratoires ou une éruption urticarienne dans l’heure suivant l’ingestion. Les surdosages volontaires en prométhazine peuvent par contre s’accompagner de manifestations de type anticholinergique, avec des hallucinations ou un état d’agitation comme dans notre observation. Quant à la coloration rosée des urines, elle avait été indûment attribuée à la présence de la prométhazine. Des urines rosées sont décrites avec la chlorpromazine ou la thioridazine, mais la prométhazine donnerait plutôt une coloration bleu-vert des urines. L’agent indirectement responsable de la coloration rosée est probablement le propofol. En effet, si en présence d’un pH urinaire alcalin, les métabolites phénoliques du propofol peuvent parfois donner à l’urine une coloration verte soutenue, il semble qu’en milieu acide, le propofol favoriserait la formation de cristaux amorphes d’acide urique dont la précipitation serait responsable de cette coloration inhabituelle. Enfin, cette observation rappelle le danger d’introduire, dans des médications de comptoir, des substances non mentionnées qui peuvent induire des effets secondaires parfois inattendus.
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Vol 26 - N° 4
P. 232 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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