Propionibacterium acnes : premier responsable des infections postopératoires en neurochirurgie ? - 24/11/14
Résumé |
Introduction |
La fréquence d’infections postopératoire dans la littérature neurochirurgicale oscille entre 1,5 et 3,7 %. Dans la littérature contemporaine, le Staphylocoque doré à coagulase négative représenterait la plus grande partie des infections en neurochirurgie, il est responsable de 50 % des cas. L’autre moitié des infections est engendrée par les Bacilles Gram négatif aérobies ou anaérobies. De plus en plus d’équipes se penchent sur la fréquence en hausse d’infections postopératoires à Propionibacterium acnes (P. acnes), que ce soit pour des interventions crâniennes ou rachidiennes. La fréquence d’infections P. acnes est-elle en augmentation ? D’autre part, quels sont les facteurs de risque qui favorisent cette infection ? Comment lutter contre cette bactérie ?
Patients et méthode |
Nous analysons 6 années consécutives ; de 2008 à 2013. Le nombre total de patients infectés est de 125. Des analyses univariées et multivariées sont effectuées pour observer le caractère significatif de divers facteurs par rapport à la survenue d’infections grâce au programme Statistica 2010.
Résultats |
Les résultats démontrent une fluctuation des infections depuis 2008 tout en restant dans les normes de la littérature (1,14 %, 1,55 %…). Nous observons une proportion importante d’infections à P. acnes et ce de manière stable au cours du temps (>50 %). Plusieurs facteurs de risques sont mis en évidence (p<0,005) : le site de l’opération initiale (crâne>rachis), l’utilisation d’agrafes, de colle biologique, du caractère urgent/programmé, l’irradiation radiothérapeutique, le caractère cancéreux du cas, la dénutrition, la présence d’antécédents chirurgicaux.
Conclusion |
Au CHU de Liège (Belgique), le P. acnes est le premier agent microbien responsable d’infections postopératoires neurochirurgicales, soit seul, soit associé à un (des) autre(s) agent(s) microbien(s). Nous recommandons la réalisation de cultures anaérobies systématiquement dans tous les cas suspects d’infection. La mise en culture doit être rapide et strictement anaérobe, en raison du caractère capricieux de la croissance de cet agent. L’éviction de cette bactérie passe par l’éviction du rasage, auquel on préfèrera la tonte. L’éviction de feuilles de plastique adhésif opératoires, qui favorisent un environnement chaud et humide dans la plaie est nécessaire elle aussi. La surveillance accrue des allées et venues en salle d’opération et du bon fonctionnement du flux aérien est indispensable, en raison du caractère opportuniste de cette bactérie et de l’adhérence qu’elle peut trouver dans les microparticules aériennes venant se déposer dans le site opératoire. L’efficacité in vivo des différents antiseptiques : povidone iodine versus chlorhexidine reste à comparer. Nous conseillons de veiller à utiliser avec parcimonie la colle de fibrine (dite colle biologique), ainsi que les agrafes à usage cutané. La tenue d’un relevé systématique de toutes les infections postopératoire dans un service de neurochirurgie est un élément évident de veille sanitaire. Les résultats de cette étude méritent d’être comparés à d’autres centres tertiaires afin de s’assurer de l’absence de spécificité locale expliquant cette prédominance microbienne.
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Vol 60 - N° 6
P. 324 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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