Immunisation contre le rituximab au cours du pemphigus - 24/11/14
Résumé |
Introduction |
Le pemphigus, dermatose bulleuse auto-immune rare et sévère, est caractérisé par la présence d’auto-anticorps (Ac) reconnaissant 2 protéines de structure des desmosomes : les desmogléines (dsg) 1 et 3. Plusieurs études présentent l’intérêt du traitement par rituximab (RTX), un anticorps monoclonal anti-CD20 chimérique, dans le pemphigus ; cependant, l’apparition d’Ac anti-RTX, déjà rapportée dans d’autres pathologies et encore peu évaluée dans le pemphigus, pourrait être responsable d’une diminution de l’efficacité du traitement. Nous avons donc initié une étude préliminaire pour préciser l’apparition des Ac anti-RTX chez ces patients, et corrélé ces données à l’évolution clinique.
Patients et méthodes |
Dix patients non consécutifs, atteints de pemphigus sévères (vulgaire [PV] ou superficiel [PS]) et traités par RTX ont été inclus. L’évolution clinique et biologique de ces patients était recueillie de façon rétrospective, puis prospective depuis un an : score de sévérité clinique selon Harman, taux d’Ac anti-dsg1 et 3 par ELISA (MBL) et immunofluorescence indirecte (IFI), et enfin, taux de RTX et des Ac anti-RTX (Elisa Lysatracker, Theradiag).
Résultats |
Des Ac anti-RTX sont apparus chez 5 patients (tous PV) après plusieurs injections au cours de la première année de traitement. Les 2 premiers présentaient une rechute clinique sévère, le troisième se montrait réfractaire au traitement, et le quatrième semblait bon répondeur. Chez ces 4 patients, les Ac anti-RTX précédaient la réascension du taux d’Ac anti-dsg. Le cinquième patient était en rémission clinico-biologique depuis 30 mois malgré la présence des Ac anti-RTX à taux élevés depuis un an. Les cinq autres patients (3 PV et 2 PS), qui n’avaient pas d’Ac anti-RTX, présentaient des améliorations cliniques et biologiques. Le taux de RTX trouvé au cours du suivi des 10 patients, était très variable d’un patient à l’autre et n’a pu être corrélé à la réponse clinico-biologique.
Discussion |
L’incidence des Ac anti RTX décrite ici est importante, en particulier dans le PV. Nous avons observé que les Ac anti-RTX précédaient chronologiquement l’apparition des Ac anti-dsg 3, qui sont décrits comme directement pathogènes dans le PV. Par la suite, il est probable que le renforcement de la corticothérapie associée en réponse au risque de rechute, ait pu moduler le taux d’Ac anti-RTX et les manifestations cliniques, ce qui rend l’interprétation des données plus difficile.
Conclusion |
Ces observations préliminaires sur 10 patients suggèrent que les patients atteints de pemphigus sous RTX peuvent développer une immunisation anti-RTX de façon plus fréquente que ce qui a été précédemment décrit de façon ponctuelle dans le PV. Dans notre étude, la présence d’Ac anti-RTX est associée dans la plupart des cas à une mauvaise évolution clinique et biologique. Une étude prospective de plus grande ampleur, en cours, devrait confirmer ces observations afin d’optimiser la prise en charge de ces patients sous RTX.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Ac anti-rituximab, Ac anti-desmogléine, Pemphigus
Plan
Vol 141 - N° 12S
P. S416 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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