Premier cas de scorbut diagnostiqué sur une hyperpigmentation gingivale, linguale et labiale isolée - 24/11/14
Résumé |
Introduction |
Dans les pays développés, le scorbut est un diagnostic rare. La prévalence de la carence en vitamine C (<11μmol/L) a été estimée à 3–5 % chez des adultes anglais de 19 à 64ans en 2001 avec un chiffre plus élevé (16–26 %) en population défavorisée. Les manifestations cliniques sont diverses et peu spécifiques, y compris sur le plan cutané, rendant le diagnostic difficile. Nous présentons le premier cas de scorbut diagnostiqué sur une hyperpigmentation intrabuccale isolée sans autre signe associé.
Observations |
Une femme de 49ans, dialysée pour une néphropathie hypertensive consultait pour une hyperpigmentation de la langue, des gencives, de la muqueuse jugale, et des lèvres rouges associée à des brûlures linguales évoluant depuis 2mois. À l’examen clinique, il existait une érosion punctiforme de la muqueuse de la lèvre supérieure d’apparition spontanée. Le bilan biologique était normal et n’apportait pas d’argument pour une insuffisance surrénalienne ou une hémochromatose. Le dosage en vitamine C était inférieur à 3μmol/L (normes : 40 et 100μmol/L) posant le diagnostic de scorbut. Après supplémentation par 1g de vitamine C pendant 15jours, l’érosion et les brûlures avaient disparu et l’hyperpigmentation s’était atténuée.
Discussion |
La carence en vitamine C touche préférentiellement les sujets âgés, alcooliques, dénutris, avec un régime sans fruits et légumes frais. Dans le cadre de son insuffisance rénale, la patiente avait reçu la consigne d’éviter la consommation de fruits hyperkaliémiants ; consigne mal interprétée, puisqu’elle s’était astreinte à un régime alimentaire strict sans fruit.
Dans la littérature, les signes cutanéo-muqueux classiquement liés au scorbut sont des gingivites hypertrophiques ou hémorragiques, une parodontolyse, une xérose cutanée, une hyperkératose palmo-plantaire, des cheveux en tire-bouchon et des manifestations hémorragiques. Aucun de ces symptômes n’était retrouvé chez notre patiente. Des hyperpigmentations ont déjà été rapportées dans le cadre du scorbut, dont une associant une pigmentation pseudo-addisonnienne du visage à des taches gris ardoisées de la langue et un purpura pétéchial des membres inférieurs.
Cette observation est à notre connaissance le premier cas rapporté de scorbut diagnostiqué à partir d’une hyperpigmentation buccale isolée.
Conclusion |
Ce cas clinique confirme la variabilité des signes cliniques possiblement liés au scorbut. Il rappelle aussi l’intérêt d’avoir un discours prudent et clair quant à la prescription d’un régime alimentaire.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Dialyse, Pigmentation buccale, Scorbut
Plan
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Vol 141 - N° 12S
P. S419 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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