Diphtérie cutanée : une cause exceptionnelle d’ulcération cutanée - 24/11/14
Résumé |
Introduction |
Les infections à Corynebacterium diphteriae, sont exceptionnelles en France. Depuis 2002, seulement 8 cas ont été signalés à l’Institut national de veille sanitaire dont 5 cas d’angine diphtérique et 3 cas de diphtérie cutanée. Cependant, la diphtérie reste une maladie endémique dans les pays en voie de développement.
Observations |
Un patient de 65ans, sans antécédent remarquable, consultait au retour d’un séjour à Madagascar pour une ulcération sus-malléolaire externe gauche hyperalgique et d’évolution rapidement progressive.
L’ulcère était bien limité, mesurant 30×45mm et se caractérisait par un fond fibrineux recouvert de fausses membranes adhérentes, une bordure indurée violacée avec décollement épidermique périphérique et des signes d’inflammation locale. Le reste de l’examen clinique était normal. Le diagnostic de diphtérie cutanée était posé sur le produit d’écouvillonnage par la mise en évidence de C. diphteriae par spectrométrie de masse. Le diagnostic était confirmé par la PCR C. diphteriae réalisée au Centre national de référence. La recherche de la sécrétion de toxine par détection en PCR du gêne tox était négative. Un traitement par amoxicilline (1 gramme, 3 fois par jour) pendant 14jours permettait d’obtenir une cicatrisation de l’ulcère en 1 mois.
Discussion |
C. diphteriae est un bacille gram positif. Sa transmission est interhumaine et directe par gouttelettes provenant des voies aériennes supérieures ou par contact cutané. Elle est favorisée par le portage chronique asymptomatique cutané ou ORL. La période d’incubation est de 2 à 5jours. Le symptôme caractéristique est la présence de fausses membranes au siège de la multiplication des bacilles diphtériques, qui provoquent directement l’altération de l’épithélium cutané et des muqueuses avec apparition d’un exsudat fibrinoleucocytaire plus ou moins nécrotique.
La gravité de cette infection est surtout liée à la diffusion de l’exotoxine du bacille diphtérique, les formes angineuses et cutanées se compliquant précocement de myocardites sévères ou plus tardivement d’atteintes neurologiques avec des paralysies périphériques et des polyradiculonévrites. La méthode PCR permet de détecter le gène de la toxine (gène tox). Si le gène tox est détecté, la sérothérapie doit être administrée en urgence ; dans le cas contraire, le traitement consiste en une antibiothérapie de 14jours par pénicilline G, amoxicilline ou macrolides en cas d’allergie. Une mise à jour vaccinale doit être effectuée à distance de l’infection.
Conclusion |
La diphtérie cutanée est un diagnostic à évoquer devant un ulcère atypique au retour de voyage d’une zone endémique telle que Mayotte et plus généralement tout pays tropical en voie de développement. Les infections à C. diphteriae doivent obligatoirement être déclarées auprès de l’Agence régionale de santé.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Diphtérie, Retour de voyage, Ulcérations
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Vol 141 - N° 12S
P. S451 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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