Dermatophytose granulomateuse exubérante dans les suites d’une transplantation rénale - 24/11/14
Résumé |
Introduction |
Si les dermatophyties superficielles sont bien connues des dermatologues, les formes profondes localisées ou cutanéoviscérales, sont rarement rapportées.
Nous décrivons une observation didactique de granulomes dermatophytiques cutanés profus survenus chez un patient transplanté rénal.
Observations |
Un patient de 57ans, caucasien, transplanté rénal depuis 6mois suite à une polykystose hépatorénale familiale, était adressé en consultation de dermatologie pour l’efflorescence de nodules prurigineux des membres inférieurs évoluant depuis plusieurs semaines. La symptomatologie avait débuté par l’apparition de plaques érythématosquameuses d’évolution centrifuge alors que le patient séjournait en soins intensifs. Son traitement immunosuppresseur associait tacrolimus et mycophénolate mofétil. Les suites avaient été favorables mais les plaques s’étaient peu à peu étendues, résistant aux traitements antifongiques locaux et au fluconazole. L’évolution avait été marquée par l’apparition de nodules verruqueux multiples aux 2 jambes, très prurigineux, de disposition sporotrichoïde. Certains nodules présentaient à leur surface de multiples microulcérations. Le patient était apyrétique, l’état général conservé, les aires ganglionnaires libres de toute adénopathie.
Une biopsie profonde objectivait un infiltrat inflammatoire granulomateux et des filaments mycéliens dans le derme attestant le diagnostic de mycose profonde. Les prélèvements à la recherche d’une mycobactérie atypique s’avéraient négatifs. Le diagnostic de dermatophytose exubérante avec granulomes de Majocchi était retenu et un traitement oral par terbinafine débuté. L’évolution était favorable avec une régression de la symptomatologie dermatologique en 6 semaines.
Discussion |
Les dermatophytoses exubérantes limitées à la peau sont rares, et leur sémiologie polymorphe. Néanmoins l’association de plaques érythématosquameuses évoquant un herpès circiné profus à des nodosités dermohypodermiques polyfistulisées et à des placards pseudotumoraux verruqueux doit faire évoquer le diagnostic. Un état d’immunodépression est nécessaire à la survenue de cette infection fongique profonde, sur un terrain génétiquement prédisposé. L’enjeu en l’absence de traitement est la survenue d’une maladie dermatophytique cutanéoviscérale. Elle a été initialement décrite en Afrique du Nord et dans un contexte de forte consanguinité. Elle commence tôt dans la vie et évolue longtemps comme une dermatophytie extensive avant que le parasitisme n’envahisse le derme et l’hypoderme, les ganglions et les viscères. Il s’agit d’une affection grave, engageant le pronostic vital malgré le progrès des antifongiques.
Conclusion |
Les dermatophytoses granulomateuses exubérantes sont une complication infectieuse rare mais grave du patient greffé d’organe. Elles doivent être traitées rapidement pour limiter le risque d’évolution vers des formes cutanéoviscérales.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Dermatophytose, Granulome de Majjochi, Immunodépression
Plan
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Vol 141 - N° 12S
P. S458 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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