Le lupus cutané discoïde est une pathologie chronique sévère pouvant être responsable de séquelles invalidantes. Les traitements habituels sont inconstamment efficaces. Nous rapportons la première observation, à notre connaissance, d’un lupus discoïde sévère efficacement traité par des perfusions de bélimumab.

Une femme de 44ans était prise en charge pour un lupus discoïde chronique sévère évoluant depuis 14ans, associé à un syndrome des anti-phospholipides. Les lésions cutanées atteignaient le visage, les oreilles, le décolleté et le haut du dos, et évoluaient par poussées quasi-constantes avec une photosensibilité importante. La patiente était en échec thérapeutique avec la persistance de nombreuses poussées et de lésions actives, après de multiples traitements : corticothérapie locale forte et générale, hydroxychloroquine, tacrolimus local, thalidomide, méthotrexate, rituximab (efficace très transitoirement avec rechute 3mois après la dernière perfusion). Un traitement par bélimumab, au rythme d’une perfusion mensuelle de 10mg/kg était alors débuté. L’évolution était très rapidement favorable, avec une absence totale de poussée de lupus discoïde depuis la mise sous traitement, et la régression des lésions actives (y compris durant la période estivale). On notait seulement la persistance de cicatrices dyschromiques. Le traitement par bélimumab était alors maintenu avec une efficacité persistante (recul de 10mois).

Le belimumab (Benlysta^®)en association au traitement habituel, a récemment obtenu une autorisation de mise sur le marché pour le traitement des patients adultes atteints de lupus systémique actif d’un point de vue clinique et immunologique malgré un traitement standard. C’est un anticorps monoclonal humain de type IgG1lambda spécifique de la protéine BLyS (protéine soluble humaine activant les lymphocytes B, également appelée BAFF). En se liant à BAFF, le bélimumab inhibe la survie des lymphocytes B, notamment les lymphocytes B auto-réactifs, et diminue la différenciation des lymphocytes B en plasmocytes producteurs d’immunoglobulines. BAFF et ses récepteurs seraient présents de manière élevée dans la peau des patients atteints de lupus discoïde. Ceci pourrait expliquer l’efficacité de ce traitement chez notre patiente.

Il s’agit à notre connaissance du premier cas rapporté d’efficacité du bélimumab dans le traitement d’un lupus cutané discoïde sévère en situation d’impasse thérapeutique.