Entre la violence nécessaire de l’acte chirurgical et le respect de l’opéré - 25/11/14
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Résumé |
Si tout acte de soin comporte une irréductible part de violence, la chirurgie est doublement concernée. Elle est agressive car souvent douloureuse et toujours dangereuse. Elle est transgressive car elle nécessite l’ouverture du corps entraînant un écoulement de sang. L’interdiction de l’ouverture du corps humain (cadavre ou vivant) est une constante de l’histoire de l’humanité et le sang a toujours été étroitement lié avec la violence. Depuis la disparition du bourreau, le chirurgien est le seul dans la société à avoir légitimement le droit « d’attenter à l’intégrité physique d’une personne humaine » en la faisant saigner. Grande est sa responsabilité morale. S’il oubliait la finalité de son geste – la personne de l’opéré –, il risquerait de le réduire à un pur acte technique. La chirurgie franchirait alors les limites de la « chirurgicalité ». L’objectivation excessive de l’opéré, le déshumanisant, correspondrait à cette fuite. D’autant que l’acte chirurgical est éminemment technique et la prégnance de l’appareil techno-scientifique à son service de plus en plus grande. Tant mieux si cette violence, maîtrisée par l’absolu contrôle de sa technicité, vise à rétablir le patient dans son pouvoir-être au monde. Mais danger, au contraire, lorsque enivré en quelque sorte par cette violence, l’opérateur entrerait dans la démesure, ouvrant alors les portes de la barbarie. La chirurgie, comme toute médecine, consiste à prendre soin d’une personne humaine, ce qui en fait une action morale. Sans jamais en occulter la dimension nécessairement violente, elle impose à son agent un respect d’autant plus grand pour son opéré.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Summary |
If any health care irreducibly features violence, surgery is doubly concerned. It is aggressive because it is often painful and always dangerous. It is transgressive because it requires opening the body causing blood flow. The ban on the opening of the human body (living or dead) is a constant in the history of humanity and the blood has always been closely linked with violence. Since the disappearance of the executioner, the surgeon is the only one in the society to have a legitimate right “to attempt the physical integrity of a human person” by making it bleed. His moral responsibility is very important. If he forgot the purpose of his actions - the person of the patient - it might reduce it to a mere technical act. Surgery, then, would cross the boundaries of the “chirurgicalité”. The excessive objectification of the patient, dehumanizing him, would lead to this refusal. Especially, since the surgery is highly technical and the control of the techno-scientific device is getting bigger and bigger. It is a good thing if this violence, controlled by the absolute control of its technical expertise, aims to restore the patient in his being in the world. But be careful, however, when intoxicated by the violence, the operator would enter the excess, then opening the doors of barbarism. Surgery, like any medicine, is to take care of a human being, which makes it a moral action. Without necessarily obscuring its violent dimension, it forces upon its agent an even greater respect for his patient.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Chirurgie, Violence, Agression, Transgression, Sang
Keywords : Surgery, Violence, Agression, Transgression, Blood
Plan
☆ | Cet article s’inspire d’une thèse de philosophie : Caillol Michel, Dieu n’est pas chirurgien. Un cheminement éthique à la recherche des traces du sacré en chirurgie, thèse doctorat de philosophie (E. Fiat dir.), université Paris-Est, 18 décembre 2012. |
Vol 11 - N° 4
P. 202-208 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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