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Médicaments à l’origine d’insuffisances rénales aiguës allergiques en France en 2013 - 29/11/14

Prospective study of drug-induced allergic nephropathy in eleven French nephrology units

Doi : 10.1016/j.lpm.2014.03.032 
Cyril Leven 1, Laurent Hudier 1, Sylvie Picard 2, Hélène Longuet 3, Nolwenn Lorcy 4, Gérard Cam 1, Zakaria Boukerroucha 5, Thibault Dolley-Hitze 6, Philippe Le Cacheux 7, Jean-Michel Halimi 3, Emilie Cornec Le Gall 8, Catherine Hanrotel-Saliou 8, Audrey Arreule 9, Michel Massad 10, Agnès Duveau 11, Grégoire Couvrat-Desvergnes 12, Eric Renaudineau 1,
1 Hôpital Broussais, service de néphrologie, 35400 Saint-Malo, France 
2 Centre hospitalier universitaire de Rennes, service de pharmacovigilance, 35033 Rennes cedex 9, France 
3 Hôpital Bretonneau, service de néphrologie, 37000 Tours, France 
4 Centre hospitalier universitaire de Rennes, service de néphrologie, 35033 Rennes cedex 9, France 
5 Centre hospitalier universitaire de Poitiers, service de néphrologie, 86021 Poitiers, France 
6 Centre AUB santé, 35400 Saint-Malo, France 
7 Hôpital Yves Le Foll, service de néphrologie, 22000 Saint-Brieuc, France 
8 Hôpital de la Cavale Blanche, service de néphrologie, 29609 Brest, France 
9 Hôpital de Girac, service de néphrologie, 16959 Angoulême, France 
10 Hôpital Centre Bretagne, service de néphrologie, 56920 Noyal-Pontivy, France 
11 Hôpital du Mans, service de néphrologie, 72000 Le Mans, France 
12 Centre hospitalier universitaire de Nantes, service de néphrologie, 44000 Nantes, France 

Eric Renaudineau, Hôpital Broussais, service de néphrologie, 1, rue de La Marne, 35400 Saint-Malo, France.

Résumé

Objectifs

Recenser et déclarer les cas de néphropathies immuno-allergiques (NIA) observés dans les centres de néphrologie de l’Ouest de la France pendant un an. Étudier les médicaments en cause, la présentation clinique et biologique, la prise en charge et l’évolution de la fonction rénale trois mois après le diagnostic de NIA.

Méthodes

Avec l’aide du service de pharmacovigilance de Rennes, les néphrologues de Saint-Malo ont demandé à leurs collègues participant à la Société de néphrologie de l’Ouest (SNO) de déclarer l’ensemble des cas de NIA rencontrés pendant une année. Au sein de la SNO et avec l’aide du centre de pharmacovigilance de Rennes, nous avions mené un travail en 2011 pour déclarer des cas de NIA à la fluindione de manière rétrospective. Il était demandé aux néphrologues de compléter un recueil de données anonymisées sur le modèle des fiches Cerfa permettant d’avoir des informations cliniques, biologiques et histologiques sur ces cas qui ont été déclarés sur l’inter-région. Sur le même modèle, nous avons demandé aux néphrologues de la SNO de déclarer de manière prospective entre le 1er mai 2012 et le 30 avril 2013 tous les cas de NIA observés afin d’avoir un aperçu des classes médicamenteuses impliquées. Les questionnaires anonymisés ont été adressés au service de néphrologie de Saint-Malo, Un double a été transmis au centre régional de pharmacovigilance (CRPV) de Rennes. L’ensemble des cas ont été déclarés par l’intermédiaire du CRPV de Rennes qui, pour les cas ne relevant pas de son territoire d’intervention, a travaillé conjointement avec les autres CRPV de l’inter-région. L’ensemble des données a été collecté par le service de néphrologie de Saint-Malo.

Résultats

Ce travail a permis de déclarer et d’analyser 24 cas de NIA sur une période d’un an dans cette inter-région. Dans 13 cas, une biopsie rénale a été réalisée permettant la mise en évidence de lésions interstitielles. Parmi les médicaments incriminés, les plus fréquents étaient : antibiotiques, anti-inflammatoires non stéroïdiens, inhibiteurs de la pompe à proton et antivitamine K avec noyau indanedione. Une majorité de patients (75 %) a été traitée par corticoïdes. Dans cette étude, le recrutement a été réalisé par des néphrologues. Certains patients étaient déjà suivis pour une néphropathie chronique avant la NIA : 4 avaient une insuffisance rénale chronique (IRC) de stade 3, et 2 une IRC de stade 4. À distance de l’épisode de NIA, une récupération incomplète de la fonction rénale a été fréquemment observée. À 3 mois, 9 patients avaient une IRC de stade 3 ; 6 une IRC de stade 4 et 1 une IRC de stade 5 ne nécessitant pas le recours à la dialyse chronique.

Conclusion

Face à une élévation significative de la créatininémie que nous avons définie par une augmentation d’au moins 50 % du taux initial quand celui-ci est connu, un mécanisme immuno-allergique d’origine médicamenteuse doit être recherché.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Summary

Objective

Certain medications have been associated with drug-induced acute interstitial nephritis (AIN), but few prospective studies have been published. This prospective observational study aims to record and assess incidents of drug-induced AIN observed over a period of one year in nephrology units in France. The goal is to determine which medications are involved in AIN and to expound the clinical and biological presentation, management, and evolution of AIN.

Methods

Between April 2012 and April 2013, drug-associated cases of AIN were prospectively recorded in 24 patients registered in 11 nephrology units that belong to the Société de Néphrologie de l’Ouest (SNO). Data sheets, including suspected and concomitant drug(s), kidney function assessment, biological disturbances, clinical signs, histological data, management, and evolution, were collected by the Rennes Regional Pharmacovigilance Center and recorded in the French pharmacovigilance database.

Results

In order, the most frequently involved medications in the AIN cases were: vitamin K antagonists (33.3% of the cases, almost exclusively fluindione), antibiotics (20.8% of cases) non-steroidal anti-inflammatory drugs (20.8% of cases), and proton pump inhibitors (16.7% of cases). The mean delay of onset to AIN was 8.3 weeks. At the time of diagnosis, mean serum creatinine was 366μM, higher for vitamin K antagonists (VKAs), except in the case of warfarin. During the course of an AIN event, 70% of patients had complete blood count and/or urine analysis abnormalities, 55% had clinical signs of systemic hypersensitivity, and 13% of patients had hepatic disorders. Renal biopsies were performed in 54% of patients; however, only 37% of patients requiring therapeutic anticoagulation underwent a biopsy. Suspected drugs were discontinued in all patients and the majority was treated with oral corticosteroids. Renal function often continued to be impaired after an AIN event. At baseline, 25% of patients had chronic kidney disease (CKD); after an AIN event, 67% of patients were noted to have CKD.

Conclusion

Physicians need to be aware of the possibility of drug-induced acute interstitial nephritis as a common cause of acute kidney injury (AKI). This study supports increased vigilance when prescribing three therapeutic classes frequently associated with AIN: antibiotics, NSAIDs and PPIs (especially in instances of polypharmacy), which were associated with two thirds of the AIN cases in this study. Fluindione, an oral anticoagulant exclusively marketed in Luxembourg and France where it constitutes the vast majority of VKA prescriptions, was associated with one third of the AIN cases alone, making it a common possible culprit of drug-induced AIN, warranting particular attention.

Ce qui était connu

Les néphropathies immuno-allergiques représentent la troisième cause de néphropathie médicamenteuse après les tubulopathies et les néphropathies fonctionnelles.
La triade fièvre, éruption cutanée, hyper-éosinophilie est rarement observée et parfois l’atteinte peut être isolée au rein. Quand cela est possible, il est important de conforter ce diagnostic par la réalisation d’une biopsie rénale pour montrer des lésions interstitielles.

Ce qu’apporte l’article

Bien que de nombreux traitements puissent entraîner une néphropathie immuno-allergique, la quasi-totalité des cas sont en relation avec l’un des quatre traitements suivants : ATB, AINS, IPP et AVK.
Parmi les AVK, il faut distinguer les dérivés coumariniques (pour lesquels ce risque semble exceptionnel) des dérivés indanedione (avec, en France, la fluindione qui était le médicament le plus rencontré au cours de cette première année de recueil).
Pour les AINS, la néphropathie immuno-allergique précoce peu ou pas protéinurique était plus fréquente que la forme « classique » qui associait une insuffisance rénale d’apparition progressive et un syndrome néphrotique.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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Vol 43 - N° 11

P. e369-e376 - novembre 2014 Retour au numéro
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