Des nombreuses études ont montré l’intervention du stress oxydant (SO) dans la genèse du diabète et ses complications. Les mesures hygiéno-diététiques ont pour objectifs de réduire l’hyperglycémie et de contrôler le poids du patient diabétique. Les antioxydants naturels représenteraient un réel intérêt dans sa prévention. Des études antérieures ont identifié le chou rouge (CR) et la cerise comme aliment à fort potentiel antioxydant. L’objectif de ce projet est de valider leur efficacité in vivo selon deux approches : nutraceutique (antioxydant + nourriture induisant le diabète) ou associant règles hygiéno-diététiques et antioxydants.

Après deux mois d’alimentation high-fat high-fructose (HFHF), les rats mâles Wistar sont divisés: 1/ Pour l’approche « nutraceutique » ils reçoivent une alimentation HFHF enrichie en CR ou en cerise (10 %) durant 2 à 4 mois, en comparaison aux rats contrôle sous régime standard (ND) et aux rats diabétiques sous régime HFHF seul. 2/ Pour l’approche « hygiène alimentaire » : ils reçoivent la nourriture ND (rééquilibrage alimentaire) enrichie ou non en CR ou en cerise (10 %). Les paramètres anthropomorphiques (poids, leptine), métaboliques (glycémie, c-peptide) et plasmatiques oxydatifs (péroxydation lipidique) sont déterminés. Le SO tissulaire (foie, pancréas, muscle) est observé par sonde dihydroethidine. Les complications hépatiques (stéatose, fibrose, glycogène) et vasculaires (fonction endothéliale en chambre à organe isolé) sont caractérisées.

1/ La poursuite d’une nourriture HFHF aggrave le diabète (obésité, intolérance au glucose, hyperinsuli-nisme, hyperglycémie à jeun) et ses complications (hépatique, pancréatique, vasculaire) associé au SO généralisé. L’enrichissement en CR permet de diminuer le SO (ex : pancréatique : 99±12% vs. 186±13%), l’obésité (↓56%) et la stéatose hépatique (3→2–3) mais ces bénéfices observés à 2 mois ne perdurent pas (glycémies post-ipGTT : 2,98±0,53 g/L et 2,57±1,15 g/L vs. 1,81±0,06 g/L ND ; SO hépatique: 191±13% et 425±23 vs. 100% ND). La cerise aggrave rapidement l’ensemble des paramètres étudiés (glycémies post-ipGTT : 2,67±19 g/L ; SO hépatique : 443±46%, stéatose hépatique 3). Après 4 mois de traitement, la dysfonction endothéliale observée chez les rats HFHF diabétiques est partiellement limitée le CR. La cerise n’a aucun effet bénéfique.

2/ Le rééquilibrage alimentaire et l’enrichissement en cerise améliorent les paramètres anthropomorphiques (677±35 g ; 620±19 g vs. 775±53 g) mais l’hyperinsulinisme (c-peptide post-prandial : 3 414±242 pmol/L ; 3 830±352pmol/L ; 5 379±605 pmol/L) et le SO tissulaire persistent (pancréas : 147±5% ; 123±5% ; 186±13%). Seul le CR diminue l’ensemble des paramètres jusqu’à l’obtention d’un niveau physiologique (ex : SO pancréas : 66±16%). Après 4 mois de traitement, la dysfonction endothéliale des rats HFHF est partiellement limitée par un changement de régime alimentaire, mais largement améliorée avec l’ajout de CR (relaxations des vaisseaux identiques au groupe non diabétique). La cerise, malgré un changement alimentaire, n’a aucun effet bénéfique.

Ces résultats confirment l’effet antioxydant généralisé du CR in vivo, associé à une diminution de l’obésité et une amélioration des fonctions hépatique et vasculaire uniquement à court terme lorsqu’il est associé à une alimentation hypercalorique/ hyperglucidique. Les mesures hygiénodiététiques sont ainsi nécessaires mais non-suffisantes dans la prévention des complications diabétiques. Le CR permettrait d’en accentuer les bénéfices sur la perte de poids, la diminution des hyperglycémies post-prandiales et l’insulinémie, de supprimer l’intolérance au glucose, d’inhiber le SO généralisé. L’ensemble de ces effets bénéfiques stopperaient et préviendraient les complications hépatiques et vasculaires (retour au niveau physiologique). En revanche, la consommation d’antioxydants à fort index glycémique, telle la cerise, pourrait s’avérer néfaste malgré un fort pouvoir antioxydant.