L'atteinte du nerf alvéolaire inférieur (NAI) est une des complications les plus fréquentes des ostéotomies mandibulaires. La dispersion des résultats publiés nous a conduits à étudier l'incidence des troubles sensitifs persistants au-delà de 1 an sur une série de 40 patients.

Cette étude a concerné 40 patients âgés de 14 à 58 ans. Nous avons étudié l'expression subjective des troubles sensitifs par un questionnaire reprenant les différentes fonctions oro-faciales liées au NAI. Nous avons étudié l'expression clinique des troubles sensitifs en testant chez 25 patients les 3 modes de la sensibilité extéroceptive (tact, température et douleur). Nous avons appliqué 4 tests cliniques appropriés sur le territoire du nerf mentonnier. Nous avons objectivé l'atteinte nerveuse par la méthode des potentiels évoqués somesthésiques (PES) chez 8 patients.

77 % des patients exprimaient une altération de leur sensibilité cutanée. Le déficit sensitif n'a été retrouvé aux tests cliniques que dans 60 % des cas. Les PES étaient perturbés chez 64 % des nerfs ayant un déficit clinique et chez 100 % des nerfs n'ayant pas de déficit clinique.

Nous avons retrouvé une plus grande incidence de plaintes subjectives que d'atteinte nerveuse. La technique des potentiels évoqués somesthésiques donne des résultats intéressants pour le diagnostic électro-physiologique de l'atteinte nerveuse. Ses indications pourraient être élargies aux atteintes traumatiques du nerf alvéolaire inférieur, voire pour son intérêt médico-légal.

Injury of the inferior alveolar nerve (IAN) is one of the most common complications of mandibular osteotomy. The wide differences in results published to date led us to evaluate the incidence of sensorial disorders persisting for one year in a series of 40 patients.

This study included 40 patients aged 14-58 years. We studied subjective expression of sensorial disorders using a questionnaire with items for the different orofacial functions related to the IAN. We studied the clinical expression of these sensorial disorders by testing the three modes of exteroceptive sensitivity (tact, temperature, pain) in 25 patients. Four clinical tests appropriate for the area of the mental nerve. Somesthesic evoked potentials were recorded in 8 patients.

77% of the patients complained of altered skin sensitivity but a sensorial deficit was revealed by clinical tests in only 60%. Somesthesic evoked potentials were perturbed for 64% of the nerves with a clinical deficit and in 100% without a clinical deficit.

There was a greater incidence of subjective complaints than objective nerve injury. Recoring somesthesic evoked potentials provides interesting information for the electrophysiological diagnosis of nerve injury. Indications could be widened for traumatic injury of the IAN, particularly to obtain medicolegal documentation.