P035: Schizophrénie et comportements alimentaires - 24/12/14
Résumé |
Introduction et but de l’étude |
Le comportement alimentaire se définit par l’ensemble des conduites d’un individu vis-à-vis de la consommation d’aliments, et dont la fonction primitive est d’assurer l’homéostasie énergétique de l’organisme. La régulation physiologique du comportement alimentaire regroupe des facteurs génétiques, humoraux, mentaux et socio-culturels. En population générale, les troubles du comportement alimentaire (TCA) ont un rôle prépondérant dans le développement des troubles métaboliques et nutritionnels dont l’obésité fait partie.
Dans la schizophrénie, maladie mentale sévère et fréquente (1 % de la population générale), les TCA sont fréquents, et malheureusement peu connus des soignants. Le lien entre les nombreux troubles métaboliques observés chez ces patients et les TCA demeure très peu exploré. L’objet de ce travail a consisté d’abord en une revue systématique de la littérature sur la comorbidité « schizophrénie et TCA ». De plus, une étude clinique multicentrique a cherché à caractériser les liens entre conduites alimentaires, statut pondéral, et traitements psychotropes au sein d’un groupe de patients souffrant de schizophrénie.
Matériel et méthodes |
La revue de la littérature a été effectuée via Pubmed et Sciencedirect, en utilisant les termes suivants : « schizophrenia », « eating dsiorders », « anorexia nervosa », « bulimia nervosa », « binge eating disorder » (BED) et « night eating syndrome »(NES). La recherche a été limitée aux articles publiés en anglais et en français jusqu’en mai 2014.
L’étude clinique a inclus 65 patients souffrant de schizophrénie (critères du DSM-IV) stables sur le plan psychique, ayant donné leur consentement. Les patients ont été examinés par un médecin et une diététicienne avec enregistrement des mesures anthropométriques et des données du bilan biologique standard. Le questionnaire TFEQ (Three-Factor Eating Questionnaire), qui permet d’analyser 3 attitudes alimentaires : l’alimentation incontrôlée, l’alimentation émotionnelle et la restriction cognitive, leur a été soumis.
Résultats et Analyse statistique |
Notre revue de la littérature révèle une forte prévalence de différents TCA dans la schizophrénie. Ainsi, le BED et le NES sont fréquemment retrouvés chez ces patients, avec une prévalence d’environ 10 %. L’anorexie mentale semble affecter entre 1 et 4 % des patients.
Concernant l’étude clinique, il n’existait pas de corrélations entre l’âge, la durée de la maladie et le score TFEQ. Les sujets de corpulence normale (IMC < 25) avaient un score de « restriction cognitive » plus élevé que les sujets obèses (p<0,05). Les patients consommant des anxiolytiques avaient un score « alimentation émotionnelle » significativement plus élevé. Le groupe d’hommes comparé aux femmes avait un score « alimentation émotionnelle » significativement plus élevé (p<0,05) sans différence significative pour les autres items « alimentation incontrôlée» ou « restriction cognitive ».
Conclusion |
Les résultats de cette revue de la littérature et de l’étude clinique présentée soulignent l’importance de l’analyse des conduites alimentaires chez les patients souffrant de schizophrénie. Ces données devraient contribuer à personnaliser les stratégies thérapeutiques et préventives des désordres métaboliques et nutritionnels qui touchent ces patients.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 28 - N° S1
P. S86 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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