Dosage spécifique des anticoagulants oraux directs : discussion de l’intérêt d’un dosage biologique spécifique - 20/02/15
Résumé |
Les anticoagulants oraux directs (AOD) sont une véritable évolution dans les pratiques professionnelles. Prescrits dans la prévention de l’accident vasculaire cérébral et de l’embolie systémique chez les patients avec fibrillation atriale (FA) non valvulaire, dans la prévention des évènements thromboemboliques veineux après chirurgie orthopédique et dans le traitement curatif de la maladie thrombotique, ils ne nécessitent aucune surveillance biologique de routine pour garantir de leur efficacité et ce contrairement aux antivitamines K (AVK), alimentant ainsi une polémique sur la sécurité de ces nouvelles molécules. Nous avons étudié les demandes de dosage de concentration spécifique en anti-IIa ou anti-Xa sur une période de 9 mois aux hospices civils de Lyon, afin d’évaluer l’intérêt d’un dosage biologique spécifique en circonstances exceptionnelles ou en routine, et analyser parallèlement ces dosages avec les tests de coagulation standards (TP et ratio TCA). Soixante-huit demandes de dosage spécifique ont été analysées : 50 (73,5 %) concernaient le rivaroxaban et 18 (26,5 %) le dabigatran. Ces dosages étaient demandés dans 41,2 % des cas dans un contexte chirurgical et dans 38,2 % lors d’évènements hémorragiques. On retrouve une grande variabilité interindividuelle avec des valeurs de concentrations hétérogènes (entre 10 et 298 ng/mL) selon les évènements cliniques. Ces dosages ne reflètent donc pas l’intensité de l’anticoagulation de façon précise, et ne sont pas prédictifs d’une accumulation du produit et d’un risque hémorragique. Cette variabilité est également importante en fonction du délai de la dernière prise du médicament avec une grande dispersion des concentrations au-delà de la douzième heure. Notre étude a permis de mettre en évidence chez 47 patients une certaine concordance entre les valeurs du TP et du ratio TCA et la concentration en anti-IIa ou anti-Xa. Cependant dans 8,5 % des cas les deux tests standards sont normaux alors que la concentration est supérieure à 30 ng/mL. De même, dans 8,5 % des cas un des deux tests est perturbé alors que la concentration est inférieure à 30 ng/mL.
Conclusion |
Si la détermination de la concentration en AOD peut être utile en situation d’urgence, elle ne présente que peu d’intérêt lors des situations de routine du fait de la grande variabilité interindividuelle sans traduction clinique observée dans notre étude. L’absence de surveillance biologique doit rester un atout de ces nouvelles molécules.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Anticoagulants oraux directs, Dosage
Plan
Vol 40 - N° 2
P. 120 - mars 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.