Risque thrombotique veineux de la femme jeune - 20/02/15
Résumé |
La maladie thromboembolique veineuse (MTEV) résulte de l’interaction de facteurs de risque (FR) environnementaux, acquis et constitutionnels. En France, 4 à 4,5 millions de femmes sont exposées chaque jour à une contraception œstroprogestative (COP) et le nombre moyen de MTEV qui leur sont attribuables par an est d’environ 2500 [1 ]. En l’absence de FR associé, le risque de MTEV estimé est d’environ 0,02 % par an avec les COP de 1re et 2e génération et de 0,04 % par an pour les COP de 3e (soit 4 accidents par an au lieu de 2 pour 10 000 utilisatrices) [2 ]. La Haute Autorité de Santé (HAS) a recommandé de privilégier les COP de 1re et 2e génération et décidé du déremboursement des COP de 3e [2 ]. Cette mesure a été accompagnée de la publication de plusieurs informations, mémos et documents d’aide à la prescription dont l’objectif est de renforcer la détection des femmes à risque par un interrogatoire standardisé prenant en compte les antécédents personnels et familiaux et l’ensemble des facteurs de risque auxquels elles sont ou peuvent être exposées [3 , 4 ]. La HAS n’a pas retenu le dépistage systématique des FR biologiques constitutionnels (déficit en antithrombine, protéine C et S, facteur V Leiden (FVL) et mutation de la prothrombine [PT20210A]) [5 ]. L’absence de FR biologique est insuffisante pour écarter tout risque de MTEV. L’identification des femmes à risque s’appuie sur l’interrogatoire et l’évaluation régulière des facteurs de risque associés. L’identification d’un antécédent familial, dont la définition reste cependant à préciser, peut conduire à l’utilisation en 1re intention d’une contraception progestative pure. La COP est un traitement dont les modifications de prescription, conséquences de la polémique récente, semblent positives en termes de santé publique [6 ]. L’amélioration des connaissances de la MTEV et de ses FR cliniques et biologiques tend vers le développement de scores pour augmenter la sensibilité des dépistages.
La MTEV au cours de la grossesse est une complication grave (environ 1/1000). Le risque de MTEV au cours de la grossesse est environ 2 à 5 fois plus élevé que dans la population générale et bien supérieur dans le postpartum. Les principaux référentiels proposent une stratification du risque en fonction des FR acquis ou constitutionnels [7 , 8 , 9 , 10 ]. De nombreux facteurs modulent ce risque :
– antécédent thrombotique veineux personnel, antécédent familial chez un collatéral, âge>35ans, obésité, immobilisation, tabagisme, comorbidités (cardiaque, inflammatoire, infectieuse, syndrome néphrotique), insuffisance veineuse sévère, immobilisation>3jours, interventions chirurgicales, voyages ;
– liés à la grossesse : grossesse gémellaire, grossesses multiples, aide médicale à la procréation ;
– liés au postpartum : pré-éclampsie et retard de croissance intra-utérine, césarienne en particulier en situation d’urgence, hémorragie du postpartum>1000mL, chirurgie du postpartum, infection ;
– biologiques acquis (SAPL) ou constitutionnels : déficits en antithrombine, protéine C ou S, FVL ou PT20210A.
En cas d’antécédents de MTEV, les circonstances de survenue et/ou facteur(s) déclenchant(s) doivent être identifiés avec précision pour adapter les modalités de prévention. Une évaluation régulière des facteurs de risque associés au cours de la grossesse est préconisée. La prévention du risque thrombotique repose sur les HBPM prescrites à posologie préventive, intermédiaire ou curative, initiée précocement pour les patientes à risque thrombotique élevé et maintenue au minimum 6 semaines dans le postpartum. La gestion des anticoagulants au moment de l’accouchement doit être dans la mesure du possible anticipée par l’équipe médicale et expliquée à la patiente. Là encore, l’amélioration des connaissances permet le développement de scores pour adapter au mieux la prévention du risque thrombotique au cours de la grossesse, du péripartum et du postpartum. Le dépistage et la prise en charge des patientes à risque requièrent l’appropriation par les équipes médicales des référentiels et recommandations nationales et internationales, une concertation multidisciplinaire et la réévaluation régulière des protocoles des services.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Maladie veineuse thromboembolique, Contraception hormonale, grossesse, postpartum
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Vol 40 - N° 2
P. 77-78 - mars 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.