Les causes de nécroses cutanées d’origine médicamenteuse ou toxique sont très variables.

Les causes médicamenteuses les plus classiques sont liées aux injections : la dermite de Nicolau qui correspond à des emboles intra-artériels d’un médicament injecté normalement par voie intra-musculaire (IM) (mais des cas après mésothérapie intradermique sont décrits) ; les injections en sous-cutanée (SC) d’un médicament destiné à la voie IM ; l’extravasation d’un produit de sclérose de varices ou de malformations vasculaires, l’extravasation d’une chimiothérapie, de carbonate ou de chlorure de calcium, ou de potassium ; les nécroses aux points d’injection avec des héparines ; les nécroses aux points d’injection de l’interféron en SC.

Des nécroses cutanées liées à des médicaments pris par voie systémique sont aussi décrites : les plus célèbres sont les nécroses aux AVK survenant dans les 3 à 7jours après l’introduction et pouvant révéler un déficit en protéine C, mais des ulcères de jambe évocateurs d’angiodermite nécrotique sévère chez des patients traités par des AVK sont aussi décrits (mécanisme de déclenchement qui pourrait être lié à l’association de lésions des parois artériolaires et une cascade de phénomènes thrombotiques paradoxaux en lien avec un déficit relatif en protéine C lors du déséquilibre de l’INR). D’autres médicaments peuvent entraîner des nécroses cutanées comme le méthotrexate en cas de toxicité, les anti-angiogéniques (Bévacizumab, Sunitinib, Sorafénib) peuvent entraîner des nécroses sur des ulcères préexistants ou sur des métastases cutanées du cancer traité par des mécanismes complexes en particulier vasculotoxiques ; l’hydréa, par un effet toxique cumulatif, peut donner des ulcères de jambe nécrotiques initialement.

Des nécroses digitales peuvent être causées par des médicaments : sympathomimétiques, vasoconstricteurs nasaux, ergotisme, B-bloquants, Ciclosporine, Bléomycine, 5FU, Vincristine, Tamoxifène, Cysplatine, ou des toxiques : chrome, chlorure de vinyle, arsenic, résine epoxy, trichloréthylène, benzène et la silice ou le silicone. Chez les toxicomanes, on peut observer des nécroses suspendues ou distales en lien avec l’injection de cocaïne, de comprimés de Subutex^® ou Méthadone^® pilés, de LSD ou de KTF. Enfin, certaines araignées possèdent un venin capable d’entraîner des nécroses cutanées parfois délabrantes.