Cette étude analyse les différences de recours aux arrêts de travail liés à la santé entre hommes et femmes en France. Elle dresse tout d’abord un bilan précis des différences de nombre de jours d’arrêt en 2011 selon l’âge, le sexe, et la nature des arrêts (maladie, maternité, ATMP). Elle cherche ensuite à expliquer les différences de prise d’arrêts maladie entre hommes et femmes.

L’analyse mobilise des données administratives de l’assurance-maladie (EGB) permettant d’identifier les arrêts de travail indemnisés selon leur nature, qui sont appariées à des données de séjours hospitaliers (PMSI) pour estimer la part des arrêts maladie survenant au cours des grossesses. La sinistralité moyenne par salarié est calculée en divisant le nombre de jours indemnisés par le nombre de salariés en France (Déclarations annuelles de données sociales). Tout d’abord, les arrêts maladie liés à une grossesse sont isolés. Ensuite, la différence résiduelle est décomposée entre une part liée aux écarts de structure par quartile de salaire et une part liée aux écarts au sein de chaque quartile.

Nous expliquons 82 % de l’écart entre hommes et femmes. Les grossesses expliquent plus de 30 % de l’écart. L’effet majeur (qui explique 35 % de l’écart) est la différence de prise d’arrêt maladie au sein des 25 % de salariés les moins bien rémunérés, les femmes de cette catégorie prenant nettement plus d’arrêt que les femmes mieux rémunérées, mais aussi que les hommes de cette catégorie.

Les résultats confirment le rôle primordial des grossesses pour expliquer les écarts d’arrêts de travail entre hommes et femmes, et montrent que la sur-sinistralité en termes d’arrêts maladie féminin s’explique très largement par des comportements atypiques au sein du premier quartile de revenus. Cet absentéisme féminin pourrait s’expliquer par leur exposition à des risques psychosociaux particuliers ou par de possibles différences de réactions entre hommes et femmes exposés à des conditions de travail pénibles.