Nous rapportons un cas original de nécrolyse épidermique toxique secondaire à la prise d’acide fucidique orale, d’évolution rapidement fatale.

Une femme de 82ans vivant en Ehpad était adressée en urgence par SOS médecin pour « décollement cutané étendu ». L’examen clinique retrouvait une fièvre à 39°C, des ulcérations buccales et oculaires, un décollement épidermique quasi-généralisé avec signe de Nikolsky positif, permettant de poser le diagnostic de syndrome de Lyell. L’histologie cutanée confirmait le diagnostic avec un aspect de nécrose épidermique totale. L’historique médicamenteuse retrouvait la prise récente d’une antibiothérapie orale par acide fusidique (Fucidine^®) pour une escarre chronique sacrée. Aucun autre traitement n’avait été introduit dans les mois précédant le tableau. Malgré la prise en charge rapide en soins intensifs, l’évolution était rapidement fatale en 24heures.

L’acide fucidique est essentiellement connue par les dermatologues sous forme topique pour le traitement des surinfections staphylococciques cutanées. Son utilisation par voie orale est plus rare, et est indiquée dans les infections staphylococciques cutanée, osseuse ou articulaire. Il s’agit ici du premier cas décrit dans la littérature de nécrolyse épidermique toxique à l’acide fusidique oral. La base nationale française de pharmacovigilance rapporte un autre cas de syndrome de Lyell pour lequel l’acide fucidique oral pourrait être imputable. Dans notre observation, l’indication de ce traitement était discutable.

L’acide fusidique doit être considéré comme un pourvoyeur potentiel de toxidermie grave, et notamment de nécrolyse épidermique toxique. Comme tout traitement son indication doit être réfléchie et se fonder sur les recommandations de bonne pratique.