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Je-ne-sais-quoi - 17/04/15

Doi : 10.1016/j.evopsy.2014.08.002 
Didier A. Chartier  : psychiatre, psychanalyste
 14, rue de Liège, 75009 Paris, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Après une introduction qui rappellera la question du sentiment d’incomplétude posée par Pierre Janet telle du moins qu’elle va se développer dans la psychopathologie contemporaine, nous verrons quelles analogies elle suscitera et comment elle débouchera sur la Sérendipité.

Quis : (qui)

Nous partirons d’une vignette clinique : une phrase entendue dans une séance analytique qui apportait un « je ne sais » qui pouvait augurer d’une fermeture ou d’une ouverture de pensée. Cette expression négative pouvait soit s’enfermer dans sa négativité soit se positiver. La clinique offre ici le modèle d’un phénomène d’auto-observation.

Quid : (quoi)

Le « je ne sais » introduit la question du « Je-ne-sais-quoi », qui est donc d’abord le fruit d’une observation et qui s’est transformée en concept, au travers de processus analogiques qu’il faudra repérer en se défiant des glissements de sens.

Ubi : (où)

Le Je-ne-sais-quoi est donc un concept ancien qui a eu une grande importance dans la pensée du dix-septième siècle. On le voit dans de nombreux écrits, il se déploie dans des sphères très différentes de la littérature, de la poésie, de la philosophie, de la théologie. Comme expérience humaine, il donnera sans doute lieu à la formulation progressive du concept d’inconscient ; mais c’est au sein d’autres modes de pensée qu’il cheminera aussi.

Quibus auxiliis : (avec quels moyens)

Aujourd’hui il nous aidera à réfléchir sur certaines données de la conscience et à interroger ce que l’on pourrait appeler de nouvelles sensorialités. Par analogie avec certains phénomènes exceptionnels, on cherchera à étudier des modes de communication comme la télépathie, le transfert de pensée ou la communication entre inconscients, tels du moins que l’on peut les observer au travers de l’expérience psychanalytique et qu’avaient sans doute pressentis nos anciens. Leurs témoignages seront étudiés comme des sources et nécessairement aussi comme des anticipations de nos positions actuelles. Cela nous amènera à explorer les domaines des relations préverbales et particulièrement la relation symbiotique en explorant la notion d’espace relationnel.

Cur : (pourquoi)

Je-ne-sais-quoi est une interrogation de l’homme sur lui-même, il se la pose dans le contexte d’une relation au monde, à l’autre. C’est pourquoi il nous a paru avantageux de la reprendre et de l’insérer dans l’objet de notre travail, la psychopathologie.

Quomodo : (comment)

Notre démarche, puisqu’elle s’appuie sur une expérience et une conceptualisation si importantes à l’époque baroque, tâchera d’en adopter le style et l’esthétique : le Je-ne-sais-quoi invitera au Je-ne-sais-comment, pour aller vers un Je-ne-sais-où, qui dira l’importance de la négativité et son rôle dans la création d’un espace d’illusion nécessaire à toute créativité, porteur de relation et source d’individuation.

Quando : (quand)

Sans doute notre propos débouchera-t-il sur le constat négatif d’un Je-ne-sais-pas, un constat de non-connaissance qui, justement nous paraît être une source positive de construction de l’espace relationnel. Les réflexions faites dans les siècles passés par les penseurs et poètes ne seront pas de trop pour nous y aider. Nous poserons que le Je-ne-sais quoi a quelque chose d’intemporel qui renvoie à l’énigme de la relation humaine et au mystère de son fonctionnement.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Abstract

After an introduction that will recall the question of the sense of incompleteness by Pierre Janet such as it will develop in the contemporary psychopathology, we will see what analogies it raises and how it will lead to Serendipity.

Quis (who)

We begin with a clinical vignette: a phrase heard in an analytic session that provided an “I do not know” that could augur a closing or opening of thought. This negative expression could either remain negative or become positive. The clinic here offers a model of a phenomenon of self-observation.

Quid (what)

The “I do not know” introduced the issue of “I-don’t-know-what”, which was primarily the result of an observation that turned into a concept, through analog processes that it would be challenging to identify shifts in meaning.

Ubi (where)

Hence, “The I-don’t-know-what” is an ancient concept, which was of great importance in the mind of the seventeenth century. Seen in many manuscripts, it unfolds in very different spheres: literature, poetry, philosophy and theology. As a human experience, it will probably lead to the gradual formulation of the concept of the subconscious, but it is in other modes of thought that will also meander.

Quibus auxiliis (with what)

Today it will help us to reflect on some of the data of consciousness and examine what might be called new senses. By analogy with exceptional phenomena, we seek to explore modes of communication such as telepathy, thought transfer or communication between the unconscious, such as can be observed through the psychoanalytic experience, and that had probably approached our elders. Their testimony will be considered as sources and also necessarily as expectations of our current positions. This will lead us to explore areas of preverbal relations and particularly the symbiotic relationship by exploring the notion of relational space.

Cur (what for)

“I-don’t-know-what” is a question that one asks oneself, it arises in the context of our relationship to the world, to another. That is why we thought it advantageous to take it up and insert it into the object of our psychopathological work.

Quomodo (how)

Our approach, since it is based on experience and conceptualization so important in the Baroque era, will try to adopt its style and aesthetics: the “I-don’t-know-what” will invite the “I-don’t-know-how” and lead to “I-don’t-know-where”, which shows the importance of negativity and its role in creating the space of illusion required for any creativity, supporter of the relationship and source of individuation.

Quando (when)

No doubt our discussion will lead to the negative finding of an “I-don’t-know”, a state of not knowing that appears as a positive source of construction of the relational space. Reflections made in past centuries by thinkers and poets will not be of much help to us. We therefore wonder whether the “I-don’t-know-what” is something timeless that refers to the enigma of human relationships and the mystery of their operation.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Je-ne-sais-quoi, Sérendipité, Sensorialité, Télépathie, Relation entre inconscients, Atmosphère, Psychopathologie, Cas clinique

Keywords : Je-ne-sais-quoi, Serendipity, Sensorial qualities, Telepathy, Relationship between unconscious, Ambiance, Psychopathology, Clinical case


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