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Prise en charge des patientes schizophréniques en salle d’accouchement : à propos de 47 cas - 25/04/15

Doi : 10.1016/j.jgyn.2015.02.010 
A. Chirol a, E. Quiboeuf b, C. Ferdynus c, L. Denizot d, M. Boukerrou a,
a Service de gynécologie-obstétrique, CHU de Saint-Pierre, Saint-Pierre, Réunion 
b Pôle d’obstétrique-gynécologie-reproduction, hôpital Pellegrin, centre Aliénor-d’Aquitaine, CHU de Bordeaux, Bordeaux, France 
c Direction de la recherche clinique, CHU de Saint-Denis, Saint-Denis, Réunion 
d Service de psychiatrie adulte, CHU de Saint-Pierre, Saint-Pierre, Réunion 

Auteur correspondant.

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Résumé

Introduction

De nos jours, plus de la moitié des femmes schizophrènes deviennent mères. La période périnatale, qui nécessite une adaptation à des changements physiques, psychiques et sociaux, est une période de haute vulnérabilité psychologique. L’objectif de cette étude est de proposer aux professionnels de santé les fondements de la prise en charge des patientes schizophréniques en salle d’accouchement.

Patientes et méthodes

Il s’agit d’une étude descriptive et analytique rétrospective unicentrique. La population étudiée correspond aux patientes diagnostiquées schizophréniques prises en charge en salle d’accouchement de l’hôpital de Saint-Pierre (île de la Réunion) entre janvier 2004 et avril 2012.

Résultats

Dans cette population (n=47), 87 % sont sans profession, 38 % célibataires, 44,7 % peu entourées. Pour 30,4 % d’entre elles, cette grossesse est non désirée. Le diagnostic de 47 % des patientes schizophréniques n’est pas connu en salle d’accouchement. Trente patientes sont suivies en centre médico-psychologique, mais un tiers d’entre elles n’ont pas eu de contact avec une équipe de psychiatrie durant leur grossesse. À leur entrée en salle d’accouchement, 14,3 % des patientes sont jugées instables ; 8,6 % sont directement transférées du secteur psychiatrique. À leur entrée, 47,4 % des patientes se présentent avec un travail avancé (<2h avant l’accouchement) ; 2 d’entre elles (4,2 %) ont accouché au domicile (taux national : 1 %). Durant le travail, 4 patientes (8,5 %) sont agitées, 9 (19,1 %) non coopérantes, et 2 (4,3 %) agressives envers le personnel. Vingt-trois patientes (48,9 %) ont reçu un traitement durant leur grossesse : anxiolytiques, hypnotiques, neuroleptiques (40,4 %) et/ou antidépresseurs. Six patientes ont nécessité l’instauration d’un traitement supplémentaire en salle d’accouchement. Six patientes (12,8 %) ayant bénéficié ou non d’une technique analgésique, se plaignent d’être algiques au cours du travail. À l’issu du travail, 14 patientes (29,8 %) ont accouché par césarienne, dont 6 (12,8 %) par césarienne programmée.

Discussion

De nombreuses études confirment les décompensations fréquentes de pathologies psychiatriques durant la grossesse. Lin et al. ont montré que les femmes atteintes de maladie psychiatrique avaient peur de recourir aux soins et aux services sociaux durant la grossesse. Dès leur admission en salle d’accouchement, une prise en charge multidisciplinaire est à établir, avec un interlocuteur référent ou l’équipe mobile de psychiatrie, afin de juger de la stabilité de la patiente et de l’encadrement médical et/ou médicamenteux à mettre en place. Au cours du travail, l’analgésie des patientes n’est pas toujours satisfaisante. Bennedsen et al. soulignent cependant que la douleur est un facteur de risque de décompensation. De même, Huand-Li Lin et al. rapportent que l’anxiété de l’accouchement est souvent négligée, alors que ce stress peut aggraver une pathologie psychiatrique préexistante. Ces composantes douloureuses et anxieuses doivent être dépistées, puis traitées, en adaptant l’environnement, et en ajustant ou instaurant un traitement. Rigatelli et al. encouragent également l’utilisation d’un traitement (anxiolytiques) durant le travail. Enfin, selon Waldenström et al., la prise en charge de la peur de l’accouchement réduit le taux de césarienne en urgence en augmentant le taux de césarienne élective (p<0,001). Ce paramètre invite à s’interroger sur la programmation d’une césarienne chez les patientes schizophréniques.

Conclusion

La prise en charge des patientes schizophréniques en salle d’accouchement peut être améliorée en différents points : l’anticipation de l’admission en salle d’accouchement avec un encadrement pluridisciplinaire, le dépistage des troubles psychiatriques et des décompensations, la recherche du maintien de la stabilité (environnement, traitement médicamenteux), la discussion sur le mode d’accouchement.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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Vol 44 - N° 5

P. 482-483 - mai 2015 Retour au numéro
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