La prison, étant un lieu de privation de liberté, où la dimension sexuelle fait également faute et les pratiques sexuelles sont strictement défendues, les études portant sur la sexualité en prison sont encore très rares. Les objectifs de ce travail étaient de tracer un premier état des lieux de comportements sexuels en détention au sein de l’établissement pénitentiaire en Tunisie, d’évaluer la sexualité d’une population de femmes détenues ainsi que d’étudier l’impact de la détention sur certains paramètres de la sexualité.

Nous avons mené une étude transversale, à visée descriptive et analytique, entre mars et août 2013 au sein de la prison des femmes de la Manouba. Elle a consisté en une enquête évaluant la vie affective et sexuelle des femmes détenues à l’aide d’un hétéro-questionnaire préétabli comportant 27 items et portant sur différents thèmes relatifs au comportement sexuel avant et après l’incarcération. Les items ont consisté en des affirmations à choix simples ou multiples, et des questions ouvertes pour quelques-uns.

Trente femmes ont été incluses avec un âge moyen de 30,77 ans. Trois femmes (10 %) étaient en attente de jugement. Plus de la moitié des sujets (56,7 %) décrivent une sexualité antérieure pauvre et peu investie. Suite à la détention, 73,3 % des femmes constatent une modification du désir sexuel et 53,3 % signalent un appauvrissement des fantasmes. Un tiers des détenues disent avoir eu une activité masturbatoire et 23,33 % ont avoué avoir eu des relations homosexuelles pendant la période de leur incarcération.

Les résultats de notre étude ont permis d’engager une réflexion sur les actions à proposer, ciblant ce tabou, afin d’améliorer les conditions carcérales.

Prison is by definition a place where freedom is removed, and where the sexual dimension is also missing and sexual practices strictly prohibited. Studies concerning sexuality in prison are still few and far between. The aim of the present study was to make a first report on sexual behaviour in a Tunisian prison, and assess sexuality in a population of women prisoners and the impact of detention on some parameters of sexuality.

We conducted a horizontal study for descriptive and analytical purposes, between March and August 2013 at the women's detention centre in Manouba. The women inmates were interviewed about their affective and sexual life using a hetero questionnaire with 27 items referring to various themes related to sexual behaviour before and after imprisonment. The items consisted of statements with single or multiple choices, and in some cases, open questions.

Thirty women were included with mean age of 30.77 years. Three women (10%) were awaiting trial. More than half of the subjects (56.7%) describe their previous sex-life as poor and without commitment. Following their imprisonment, 73.3% of women reported a change in sexual desire and 53.3% reported a lack of fantasies. A third of inmates reported masturbatory activities and 23.33% admitted to having homosexual intercourse during their period of imprisonment.

The results of our study have enabled a process of reflection to be engaged on the actions to be proposed, targeting this taboo, in order to improve prison conditions.