Premiers cannabinoïdes de synthèse au centre antipoison et de toxicovigilance d’Angers : à propos de quatre cas - 07/05/15
Résumé |
Objectif |
Selon la dernière mise à jour du SINTES, dispositif d’observation des substances de l’Office française des drogues et toxicomanies, ce ne sont pas moins de 30 nouveaux cannabinoïdes de synthèse (CS) qui circulent en France entre 2012 et 2014. Pourtant, les CS font encore rarement l’objet de signalement auprès des CAP–TV, malgré les troubles neurologiques et cardiovasculaires liés à leur consommation. Quatre cas recensés en 2014 au CAP d’Angers sont présentés sous l’aspect clinico-analytique.
Méthodes |
Les analyses de poudres ou échantillons ont été effectuées par CLHP-UV/BD, CPG-SM et CLHP-SM/SM.
Résultats |
Quatre hommes, âgés de 21 à 37ans, dont 3 au moins sont toxicomanes, sont hospitalisés suite à une consommation de différents produits achetés via Internet. Cas no 1 : patient admis aux urgences pour des précordialgies après ingestion possible d’un mélange de poudres en sachets portant respectivement les allégations 5F-UR-144, méthoxyphénidine, « methox », « MPA » et NZT48. Une évolution clinique rassurante permet un retour à domicile à J1. Les analyses permettent d’identifier le CS UR-144 et non l’homologue fluoré attendu, ainsi que méthoxyphénidine, méthoxétamine (MXE) et méthiopropamine (MPA). Un mélange de substances est retrouvé dans le dernier sachet avec notamment le CS 5F-AKB-48. Cas no 2 : patient trouvé halluciné à domicile par un tiers après injection IV d’un produit inconnu. Aux urgences, il est tachycarde (140bpm), dysarthrique et en hyperthermie. La résolution spontanée de la tachycardie a permis la sortie à j1. L’analyse de plusieurs sachets retrouve les produits effectivement annoncés sur les étiquettes : CS AM-1220, MXE, MDPV, MPA et étizolam. L’analyse du plasma montre la prise de méthadone et confirme la prise de MXE, de MDPV et d’étizolam, le CS n’ayant pas été recherché. Cas no 3 : patient ayant consommé le contenu d’un sachet portant la mention « Natrium (éthylphénidate) » et admis en réanimation pour délire et tachycardie transitoire ; sortie à j2 après surveillance scopique et neurologique. L’analyse de la poudre révèle la présence de 5F-AKB-48. L’analyse du plasma et des urines met en évidence la méthadone et de possibles métabolites présentant des analogies spectrales UV très importantes. Cas no 4 : patient présentant une hypotonie généralisée, une hypersudation et une sensation d’oppression thoracique après avoir fumé un mélange de plantes nommé « Laughin Assassin », décrit comme contenant le CS 5F-PB-22, présence confirmée par analyse. L’étude des autres produits en sa possession a montré la présence de 5F-AKB-48 dans des e-liquids pour cigarette électronique « Buddha Blues et Green Vapes » et de MPA dans un sachet « Walter White ».
Conclusion |
Ces 4 cas d’exposition à l’UR-144, l’AM-1220, au 5F-PB-22 et au 5F-AKB-48 témoignent de la circulation effective des produits sur le territoire, permise par un marché en ligne ouvert et l’absence de contraintes législatives. La consommation des CS est très souvent associée à d’autres nouvelles drogues de synthèse : il est alors difficile de déterminer le rôle joué par les CS dans les signes d’intoxication. L’opiniâtreté des toxicologues à obtenir les sachets de poudres incriminés est alors cruciale pour contribuer à l’identification encore balbutiante des produits par les laboratoires de toxicologie.
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Vol 27 - N° 2S
P. S63 - juin 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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