Difficultés rencontrées par les médecins généralistes du département de la Haute-Vienne dans la prise en charge de l’obésité et pistes d’amélioration possibles - 05/06/15
, Pierre Jesus a, Lucile Pouchard a, Jean-Claude Desport a, b| pages | 8 |
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Résumé |
Introduction |
En France, au moins 15 % des personnes de plus de 15ans sont obèses. La prise en charge (PEC) de l’obésité par le médecin généraliste (MG) est fondamentale, mais difficile. On dispose de peu de données concernant le ressenti du MG face à l’obésité. L’enquête avait pour buts de faire le point sur les difficultés rencontrées par les MG, sur leurs propositions d’amélioration, et sur leur opinion globale face à l’obésité.
Matériel et méthodes |
Un questionnaire anonyme déclaratif était envoyé à 200 MG d’un département échantillonnés par l’Union régional des professionnels de santé. Il relevait des données épidémiologiques concernant les MG, leurs difficultés perçues, leurs propositions d’amélioration et leur ressenti global face à cette pathologie. Les tests statistiques étaient le test du Chi2, le test de Fisher, le test de Student, et l’analyse de variance.
Résultats |
Trente-quatre pour cent des MG (n=68) répondaient à l’enquête. Un pourcentage de 27,9 % d’entre eux avait une formation en nutrition. Les MG rapportaient 6,5 % d’obèses dans leur patientèle et 18,6 % de surpoids. Ces valeurs n’étaient pas liées à l’âge, au lieu d’exercice ou au niveau de formation des MG. Les femmes MG voyaient moins de patients en surpoids que les hommes (11,6±3,0 vs 19,8±6,9, p=0,04). Les cinq difficultés de PEC les plus citées étaient liées aux patients : mauvais suivi des conseils d’activité physique (94,1 % des répondants), diététiques (91,1 %), psychologiques (72,0 %), manque de motivation (92,6 %), présence de troubles du comportement alimentaire (83,8 %). Un pourcentage de 58,8 % des MG se sentait inefficaces, 52,9 % pensaient avoir trop peu de temps et 50,0 % trop peu de formation. Vingt-huit pour cent des MG n’étaient pas intéressés par l’obésité. L’insuffisance de formation était positivement liée au sentiment d’inefficacité (p=0,007), au manque de temps (p=0,03) au désintérêt pour l’obésité (p=0,0002). Parmi les suggestions d’amélioration proposées, les MG retenaient en priorité de réaliser une éducation alimentaire familiale (83,8 %) ou scolaire (80,9 %), de mieux prendre en charge l’obésité infantile (83,8 %), d’améliorer la PEC psychologique (76,5 %), de sensibiliser le public aux effets du temps passé devant des écrans (70,5 %), de rembourser la consultation diététique (69,1 %). Un pourcentage de 67,7 % des MG proposait une lutte contre la stigmatisation des obèses, 66,2 % une meilleure formation médicale. La création de réseaux de soins, d’ateliers de groupe, de structures d’activité physique étaient ensuite cités. Cependant, 82,4 % des répondants étaient globalement insatisfaits de leur PEC de l’obésité.
Conclusion |
La PEC des patients obèses ou en surpoids est une part importante de l’activité des MG mais les laisse très insatisfaits. Pour les MG, les obstacles rencontrés sont en premier lieu liés aux patients. Néanmoins, l’insuffisance de formation médicale est souvent vécue négativement, avec une répercussion sur l’intérêt et l’efficacité des praticiens. Pour les MG des actions préventives familiales et à l’école sont prioritaires. L’amélioration de la formation médicale, le développement de certains secteurs de soins (psychiatrie, diététique, activité physique) et de réseaux, seraient des pistes à explorer pour le département étudié.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Summary |
Rationale |
Fifteen percent of French people>15 years were obese in 2012. However, a few data on the self-perception of management of obesity by general practitioners (GP) are available. Aims of the study were to note the reported GP difficulties faced towards obesity, their suggestions for improvement and their global opinion on care.
Methods |
Two hundred GP of a French district sampled by the Regional Union of Health Professionals fulfilled an anonymous questionnaire reporting epidemiological GP data, their perceived difficulties about obesity, suggestions for improvement and global opinion. Statistical tests were Chi2 Fisher's Student's t tests, variance analysis.
Results |
Thirty-four percent of GP (n=68) responded. A percentage of 27.9% of them were trained in nutrition. GPs reported 6.5% obese in their patient base and 18.6% overweight. GP related to patients the five most cited difficulties: poor respect of physical activity advices (94.1%), of diet advices (91.1%), of psychological advices (72.0%), lack of motivation (92.6%), presence of eating disorders (83.8%). A percentage of 58.8% of GP felt themselves ineffective, 52.9% thought they had too little time and 50.0% too little training. Twenty-eight percent were not interested by obesity. Lack of training was positively related to feeling of inefficacy (P=0.007), lack of time (P=0.03), and disinterest for obesity (P=0.0002). Among the proposed suggestions for improvement, MG retained priority to achieve a family feeding and school education (83.8% and 80.9%), to better manage childhood obesity (83.8%), to improve psychological care (76.5%), to warn on effects of time spent in front of screens (70.5%) and to repay consultations by dieticians (69.1%). A percentage of 67.7% of GP proposed to fight against obesity stigmatization and 66.2% a better medical training. The development of care networks, group workshops, and physical activity structures was noted. A percentage of 82.4% of GP were unsatisfied by their global care of obesity.
Conclusions |
Coaching obese or overweighed patients is important in GP activity but leaves them unsatisfied. They mainly relate obstacles to patients, but the lack of medical training is badly felt, with an impact on their self-perceived effectiveness. They think that family and school preventive actions are priorities. Improving the development of several sectors of care and networks could be explored.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Obésité, Médecine générale, Insatisfaction, Difficultés de prise en charge, Suggestions d’amélioration
Keywords : Obesity, General practitioner, Dissatisfaction, Difficulty care, Suggestions for improvement
Plan
Vol 50 - N° 3
P. 142-149 - juin 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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