La transplantation thoracique est un modèle pur de syndrome d’ischémie/reperfusion (I/R) avec un risque pulmonaire majeur. Des études cliniques récentes à propos de la ventilation uni-pulmonaire semblent suggérer une influence du type d’agents anesthésique hypnotique dans cette réponse inflammatoire. L’objectif de cette étude expérimentale est donc de comparer l’impact de deux agents anesthésiques différents (sévorane et propofol) sur la fonction respiratoire au cours d’une I/R.

Dix-huit cochons adultes ont été inclus conformément à la législation expérimentale en vigueur en Suisse (GE14-04) et ont été randomisés en deux groupes : groupe SEVO, pour le sévorane et groupe PPF, pour le propofol. Les deux agents étaient administrés sur l’ensemble de l’expérience. Un tube double-lumière était disposé par un orifice de trachéotomie pour permettre la ventilation uni-pulmonaire et un clampage de l’artère pulmonaire était pratiqué en ipsilatéral pour 60minutes. À la suite de cette période I/R, une période de reperfusion de 75minutes était pratiquée avant un test de réactivité bronchique à la métacholine. À différents temps, étaient recueillis les valeurs hémodynamiques (pressions invasives, débit et SvO₂ à la Swan) et la fonction respiratoire (gazométrie artérielle, échographie pulmonaire et mesure par Forced Oscillation Technique de la résistivité bronchique et parenchymateuse). Les comparaisons entre les groupes ont été réalisées par des tests non paramétriques avec une valeur de p<0,05 considérée comme significative.

Quinze cochons ont complété l’étude. Aucune différence hémodynamique ou gazométrique entre les hypnotiques n’a été détectée durant l’expérience. Néanmoins, le poumon ischémique développait une réactivité bronchique nette et précoce mesurée par FOT dans le groupe PPF et un peu retardée dans le groupe SEVO avec une différence significative à la fin de la période de reperfusion. La métacholine démasquait une hyperréactivité bronchique à l’origine de 12 décès pendant le test avec une plus forte réponse en cas de SEVO (Fig. 1).

Dans ce contexte, la réponse pro-inflammatoire était légèrement retardée dans le groupe SEVO avec une compartimentalisation initiale de cette réponse. Au final, il n’était pas noté de différence entre les agents anesthésiques.