Cet article constitue une relecture de la première partie de l’esquisse d’une psychologie scientifique de Freud. Il tend à montrer la part de la notion d’excitation dans l’émergence de la découverte freudienne : l’excitation de Freud lui-même, comme il en témoigne dans sa correspondance, taraudé par les démêlés et l’élaboration de son système perception-mémoire-conscience, celle de la science de son temps, dont il s’inspire, et notamment le travail de Fechner, et ses propres repérages cliniques et intuitions neurologiques : il y a des excitations internes à l’organisme à la fois nécessaires et incontournables, comme la faim, la soif, la sexualité qui constituent la source et les dimensions d’un vivre primordial pris d’emblée dans un rapport de dépendance à l’autre où se noue demande, besoin, et désir, qui dépendra d’une capacité à juguler l’excitation pour l’élaborer sur le plan de la conscience. L’objectif étant de saisir sur le vif de son élaboration, l’originalité de la conception freudienne de la causalité psychique et de la conception de la conscience et de la logique subjective qu’elle détermine, et ainsi d’éclairer et de nourrir à partir de cette place singulière du sujet de la psychanalyse, la réflexion sur les rejeux actuels de problématiques de l’excitation entre causalité psychique et organique, entre science contemporaine et psychanalyse : par exemple celles du « stress » ou de « l’hyperactivité ».

This article is a reading of the first part of Freud's Project for a scientific psychology. The point is to show the part of excitation in the early development of the freudian discovery: Freud's excitement itself, working intensively on the articulation of his system, perception-memory-consciousness, the concept of excitation in the science of his time, which he is inspired by, and particularly Fechner's, and his own clinical and neurological intuitions on that matter: there are some internal excitations, internal drives to the organism, both necessary and inescapable, like hunger, thirst, sexuality, which constitute the dimensions of a first condition of living, always already in a relation of dependence to the other, where desire, need, and demand are knotted together, which will depend, to be and grow, on the capacity of the psyche to regulated excitation for allowing consciousness to develop. The aim being to 16 right in the process of its elaboration, the originality of the freudian conception of psychic causality, and its consequences for a general conception of consciousness and of the logic of subjectivity, and so, to nourish reflection on the current and contemporary re-sustainment of the relation between organic and psychic causality, like for example the question of stress and hyperactivity, in the light of what psychoanalysis named the subject of the unconscious or the subject of psychoanalysis.