Elles sont d'autant plus graves qu'il s'agit d'une base ou d'un produit concentré (soude, potasse, ammoniaque, ciment, chaux). En effet, les bases ont un grand pouvoir de pénétration dans les tissus profonds de l'œil ; des complications graves peuvent apparaître, même tardivement.
Le pronostic est étroitement lié à la rapidité de mise en œuvre du traitement. Chaque minute compte +++.
Traitement en urgence sur les lieux même de l'accident
Lavage immédiat, abondant, et prolongé (15 à 30 min) à l'eau du robinet, à l'eau minérale, voire à la DIPHOTÉRINE (molécule chélatrice polyvalente : acide et base) des globes et des culs-de-sac conjonctivaux en maintenant fermement les paupières ouvertes.
Noter les références exactes du produit responsable (nom de marque, nom chimique, concentration, pH) ; au mieux, amener l'étiquette du flacon, ou le flacon lui-même aux urgences ophtalmologiques.
Traitement en urgence en milieu ophtalmologique
Après instillation d'un collyre anesthésique, oxybuprocaïne (CÉBÉSINE), répéter le lavage facilité par la pose d'un blépharostat, évacuer les éventuels fragments solides de caustique en déplissant les culs-de-sac conjonctivaux, et laver les voies lacrymales.
Dresser un bilan initial extrêmement soigneux des lésions.
Établir un pronostic.
Téléphoner au centre antipoison pour se renseigner sur la nature et le pH du caustique.
En cas de brûlure par base, ponction évacuatrice de la chambre antérieure en
salle d'opération (si l'accident est récent, pour limiter la diffusion du toxique) et injection intracamérulaire de corticoïdes (dexaméthasone) dans la chambre antérieure pour diminuer l'inflammation.
Prescription
La durée du traitement est fonction de la nature et de la gravité des lésions.
Antibiotiques pour prévenir la surinfection.
Ex. : rifamycine (RIFAMYCINE CHIBRET) 1 gtte x 4/j.
Cycloplégiques pour diminuer les douleurs et empêcher les synéchies.
Ex. : atropine collyre 1 % (ATROPINE ALCON) 1 gtte x 2/j.
Cicatrisants cornéens.
Ex. : cyanocobalamine (VITAMINE B12 ALLERGAN) 1 gtte x 4/j et rétinol (VITAMINE A DULCIS pommade ophtalmique) 1 gtte x 3/j dans le cul-de-sac conjonctival inférieur.
Corticoïdes selon les cas.
Ex. : CHIBRO-CADRON x 4/j, ou injections latérobulbaires ou sous-conjonctivales de dexaméthasone si la réaction inflammatoire est importante.
Autres traitements.
- Antalgiques par voie générale si besoin : DOLIPRANE 500 mg : 2 cp. en cas de douleur sans dépasser 6 cp./j.
- Verre scléral perforé si risque de symblépharon.
- Pansement oculaire.
Le pronostic reste sombre, les complications nombreuses, en particulier en cas de brûlures par base : taie cornéenne (opacification secondaire de la cornée), symblépharon (fusion cicatricielle de la conjonctive à la paupière), rétraction cicatricielle des paupières.
Les collyres anesthésiques locaux doivent impérativement être réservés aux actes professionnels car leur usage répété est toxique pour l'épithélium cornéen.
Ne surtout ni les prescrire ni les confier aux patients ++++.