Le vertige est une impression de rotation du corps dans l'espace ou de l'espace par rapport au corps.
Équilibre : 3 systèmes sensoriels (vestibulaire, proprioceptif, visuel) avec de nombreuses interconnexions. Intégration des informations par un système central (tronc cérébral, cervelet, cortex).
Vertige : inadéquation des informations entre les 3 systèmes sensoriels.
- Conséquences : motrices (hypotonie), oculomotrices (nystagmus) et végétatives (vagales).
- Compensation centrale : apprentissage progressif du dysfonctionnement grâce aux informations fournies par la vision et la proprioception.
Éliminer les déséquilibres (origine centrale) : impression de sol instable, de mal de mer, d'ébriété sans impression rotatoire vraie.
Examen clinique
Examen otologique ++ : otoscopie, acoumétrie, signe de la fistule (vertige lors de la pression sur le tragus).
Étude du nystagmus : oscillations rythmiques involontaires des yeux en 2 secousses : une lente (d'origine vestibulaire), une rapide (de rappel) qui définit le côté du nystagmus.
Examen vestibulaire : équilibre postural (manœuvre de Romberg), la déviation des index et la marche aveugle.
Examen neurologique : autres paires crâniennes, syndrome cérébelleux, signe d’hypertension intracrânienne.
Syndrome vestibulaire périphérique (atteinte de l'appareil vestibulaire ou du nerf vestibulaire)
Complet et harmonieux : nystagmus horizonto-rotatoire controlatéral, hypotonie musculaire homolatérale.
Syndrome vestibulaire central (noyaux vestibulaires ou système nerveux central)
Incomplet et dysharmonieux : vertiges moins nets, nystagmus pur (vertical, horizontal) ou multiple, absence de signes cochléaires, présence de signes neurologiques.
Examens complémentaires
Il y a deux examens clés.
Audiométrie : dépistage d'une hypoacousie.
Épreuves vestibulaires avec nystagmographie : excitation d'un canal semi-circulaire par une stimulation calorique ou rotatoire puis enregistrement du nystagmus par vidéonystagmographie.
On réalise d'autres examens en fonction de l'étiologie suspectée.
Potentiels évoqués auditifs (PEA).
TDM des rochers.
IRM des CAI et du tronc cérébral.
Doppler des vaisseaux du cou.
Étiologies
Vertige paroxystique positionnel bénin (VPPB)
Il représente 50 % des vertiges, surtout chez le sujet âgé ; cupulolithiases du canal semi-circulaire postérieur (CSP).
Vertige positionnel isolé : vertige bref (< 1 min), déclenché par un mouvement circulaire de la tête dans le plan du CSP. Reproduit par la manœuvre de Dix-Hallpike (le patient assis, jambes pendantes, est penché rapidement du côté droit, la tête reste dirigée vers celle de l'examinateur : déclenchement du VPPB sinon la manœuvre est réalisée à gauche).
Traitement : rassurer le patient sur le caractère bénin du vertige, faire une manœuvre libératrice de Semont-Toupet (manœuvre de Hallpike pendant 4 min puis brusquement mettre le patient en décubitus latéral du côté opposé pendant 4 min). Prévenir du risque de récidive.
Maladie de Ménière
Hydrops endolabyrinthique : hyperpression des liquides de l'oreille interne (endolymphe), d'étiologie inconnue, débutant entre 30 et 50 ans, souvent favorisée par un stress psychologique.
Crise de quelques minutes à quelques heures : triade associant acouphènes unilatéraux graves, vertige majeur avec signes végétatifs et surdité unilatérale (parfois sensation de plénitude de l'oreille).
Examen : tympans normaux, nystagmus horizonto-rotatoire de direction variable, hypoacousie de perception, examen neurologique normal.
Bilan :
-
audiogramme : surdité de perception endocochléaire prédominant sur les graves et s'améliorant lors du test osmotique ;
-
épreuves vestibulaires : hyporéflexie homolatérale ;
-
PEA : pas de signe rétrocochléaire.
Évolution : elle se fait par crises plus ou moins espacées ; puis persistance des acouphènes, aggravation de la surdité et diminution des vertiges avec possible bilatéralisation.
Traitement : selon les symptômes, traitement ambulatoire ou hospitalier
Traitement de la crise
- Repos au lit, dans la pénombre et le calme, et si nécessaire hospitalisation.
- Sédatif : benzodiazépine, diazépam (VALIUM ROCHE), 1 à 2 amp. 10 mg x 1-3/j en IM ou per os 1 cp. x 3/j.
- Antivertigineux : acétyl-leucine (TANGANIL), 1 amp. 500 mg x 1-4/j en IVL ou per os 1 cp. x 3/j.
- Antiémétique : métoclopramide (PRIMPÉRAN), 1 amp. 10 mg x 1-3/j en IVL ou per os 1 cp. x 3/j si nausées.
- Agent osmotique : MANNITOL 10 %, 500 mL x 2/j en IVL de 2 h.
Traitement de fond
- Prise en charge psychologique : explication de la maladie, soutien psychologique, pas d'excès d'excitant (tabac, alcool), hygiène de vie, anxiolytique : benzodiazépine, bromazépam (LEXOMIL), 1/4-1/4-1/2 cp./j.
- Antivertigineux : bétahistine (SERC), 1 cp. x 3/j pendant plusieurs mois.
- En cas d'échec : diurétique thiazidique à faibles doses : hydrochlorothiazide (ESIDREX), 1 cp. 25 mg/j avec régime peu salé.
Dans les formes sévères, invalidantes et résistantes :
labyrinthectomie chimique par aminoside,
chirurgie de décompression du sac endolymphatique,
voire neurectomie vestibulaire, labyrinthectomie.
Labyrinthites
Destruction des cellules sensorielles (vestibulaires et cochléaires).
Étiologies : infectieuse (otite chronique le plus souvent cholestéatomateuse, parfois virale), toxique (médicamenteuse surtout les aminosides), traumatique (fracture du rocher, barotraumatisme, chirurgie de l'oreille).
Syndrome vestibulaire périphérique + surdité de perception endocochléaire irréversible.
Névrite vestibulaire
Syndrome vestibulaire périphérique complet et harmonieux, brutal et prolongé, sans signe auditif (pas de surdité, pas d'acouphène), sans signe neurologique. Parfois précédé d'un épisode grippal.
Épreuves vestibulaires : hypo- ou aréflexie.
Traitement
Traitement de la crise
- Repos au lit, dans la pénombre et le calme.
- Sédatif : benzodiazépine, diazépam (VALIUM ROCHE), 1 à 2 amp. 10 mg x 1-3/j en IM.
- Antivertigineux : acétyl-leucine (TANGANIL), 1 amp. 500 mg x 1-4/j en IVL.
- Antiémétique : métoclopramide (PRIMPÉRAN), 1 amp. 10 mg x 1-3/j en IVL.
Traitement antiviral (pour certains) : aciclovir (ZOVIRAX) 5 mg/kg/8 h puis relais per os, 10 j.
Rééducation vestibulaire
- Dès la diminution des vertiges, pour favoriser la compensation.
- Lever du lit.
- Arrêt des sédatifs.
- Rééducation active (surtout chez le sujet âgé) par kinésithérapeute spécialisé.
Neurinome de l'acoustique
Schwannome du nerf vestibulaire.
Vertiges peu intenses et peu fréquents car destruction progressive donc compensation centrale simultanée. Surtout surdité de perception endocochléaire.
Diagnostic : PEA puis IRM.
Traitement : exérèse chirurgicale, radiothérapie.