Le vismodégib, inhibiteur de la voie Hedgehog, est indiqué dans la prise en charge des carcinomes basocellulaires localement avancés et métastatiques. La principale toxicité de ce traitement est la survenue de crampes musculaires dans 40 à 80 % des cas. Celles-ci sont handicapantes et peuvent influer sur l’observance des patients. Jusqu’à présent non décrites, il s’agissait dans cette étude de les caractériser et de proposer une prise en charge adaptée.

Tous les patients pris en charge par vismodégib au CHRU de Lille, soit 25 patients ont été inclus à partir du 15 septembre 2014 dans une étude prospective évaluant le grade de leur crampes, leur délai d’apparition, leur conséquence sur l’arrêt du traitement ou sa modification posologique. Onze patients ont répondu à un questionnaire caractérisant leurs crampes. L’intérêt des étirements musculaires a été étudié.

De septembre 2014 à mai 2015, sur 20 patients ayant reçu au moins 2mois de traitement, 15 ont présenté des crampes. Le délai moyen d’apparition était de 62jours après le début du traitement. Il était plus court en cas de crampes de grade important. On observait la survenue de crampes de grade III, II et I chez 2, 6 et 7 patients, respectivement. Cinq ont arrêté au moins une fois le traitement à cause des crampes dont 4 définitivement, notamment en cas de grade élevé. Chez trois patients, on réalisait une adaptation de dose avec prise du traitement une semaine sur 4 permettant la poursuite du traitement. L’analyse du questionnaire permettait de caractériser les crampes comme des contractions douloureuses des membres inférieurs, nocturnes, survenant au repos et disparaissant brutalement. La durée était de quelques minutes à 1heure. La moyenne d’intensité selon l’échelle numérique était de 7/10. On ne trouvait pas de facteur déclenchant. Chez 6 patients, des étirements musculaires ont permis d’améliorer la symptomatologie. Un traitement par quinine a été essayé chez 2 patients mais pour le moment aucun traitement médicamenteux n’a montré d’efficacité.

Ces résultats permettent de mettre en exergue la difficulté de prise en charge des patients sous vismodégib ; la seule prise en charge pouvant soulager les patients semble être la kinésithérapie par étirements. Une kinésithérapie préventive pourrait permettre de diminuer la survenue de cet effet indésirable ; son intérêt est à évaluer.

La prise en charge du carcinome basocellulaire par vismodégib doit prendre en compte la forte probabilité d’une toxicité à type de crampes d’autant plus qu’il s’agit de patients âgés dont l’autonomie doit être conservée.