Hypermétabolisme, cachexie et toxicité des traitements anti-tumoraux : étude prospective chez 277 patients atteints de cancer - 23/03/16
Résumé |
Introduction et but de l’étude |
La cachexie constitue une cause majeure de décès en cancérologie et s’accompagne d’une toxicité accrue des traitements anti-tumoraux. L’hypermétabolisme est fréquent chez les patients atteints de cancer et contribue à l’évolution vers la cachexie. Nous avons étudié la relation entre la dépense énergétique de repos (DER), les marqueurs cliniques et biologiques de dénutrition et la survenue de complications précoces sous traitement anti-tumoral.
Matériel et méthodes |
Dans cette étude observationnelle prospective monocentrique, nous avons mesuré la DER par calorimétrie indirecte (DERm) avant l’initiation d’un traitement anti-tumoral. La DERm a été comparée avec la DER calculée (DERc) par les équations de Harris et Benedict afin de classer les patients en trois groupes : hypométaboliques (DERm<90 % de la DERc), normométaboliques (90–110 %) ou hypermétaboliques (>110 %). Nous avons recueilli les ingestas, la perte de poids, le Performance Status (PS), la C-réactive protéine (CRP) et l’albumine avant traitement et calculé le bilan énergétique (ingestas – DER) et l’index de risque nutritionnel (NRI). Nous avons défini comme complication précoce tout événement conduisant à un recours hospitalier ou à une diminution de la dose–intensité du traitement au cours du premier cycle. Nous avons utilisé le test du Chi2 pour la comparaison des variables qualitatives et le test de Wilcoxon pour les variables quantitatives.
Résultats |
Entre mai 2012 et avril 2014, 277 patients ont été inclus : 56 % d’hommes, âge médian 63ans, 76 % de tumeurs localement avancées ou métastatiques ; 29 % étaient normométaboliques, 51 % hypermétaboliques et 20 % hypométaboliques. Les traitements comprenaient des chimiothérapies cytotoxiques pour 89 % et des thérapies ciblées pour 11 %. Comparativement aux normométaboliques, les patients hypermétaboliques présentaient un bilan énergétique négatif (–62 vs 235kcal/j, p=0,001), un état général altéré (PS>2 : 34 vs 17 %, p=0,008), une inflammation systémique (CRP≥10mg/L : 45 vs 25 %, p=0,001) et un NRI bas (<97,5 : 35 vs 19 %, p=0,013). Au cours du premier cycle, 59 patients (21 %) ont développé une complication. Les facteurs associés à la survenue de complications étaient l’état général altéré (PS 2–3 vs 0–1 : OR=2,04, p=0,029), l’hypoalbuminémie (albumine<35g/L : OR=2,39, p=0,048), l’inflammation (CRP≥10mg/L : OR=2,43, p=0,004), le NRI bas (<97,5 : OR=1,88, p=0,048) et le métabolisme énergétique anormal (hyper- ou hypo- vs normométabolique : OR=2,36, p=0,023). Le métabolisme énergétique constituait un facteur plus sensible (83 %) que la CRP (55 %), le PS (41 %), le NRI (38 %) et l’albumine (17 %) pour prédire la survenue de complications.
Conclusion |
L’hypermétabolisme est corrélée avec les marqueurs cliniques et biologiques de la cachexie et la survenue de complications précoces sous traitement anti-tumoral. La mesure de la DER pourrait améliorer la détection des patients à risque de complications. Ces patients fragiles devraient bénéficier d’une prise en charge nutritionnelle précoce.
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Vol 30 - N° 1
P. 58 - mars 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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