La transition nutritionnelle dans les pays en développement est marquée, entre autres, par la coexistence de deux types de malnutrition, par surcharge et par carence.

L’objectif de notre travail est de décrire la double charge de la malnutrition (DCM) au sein de la population, des ménages et des individus, d’estimer leurs associations avec les grandes caractéristiques sociodémographiques, et de déterminer leurs conséquences, afin de contribuer à la prévention des malnutritions.

L’enquête s’est déroulée dans la préfecture d’Oujda-Angad en 2013. Les données sur le niveau socioéconomique et démographique ont été collectées à l’aide d’un questionnaire. Les mesures anthropométriques ont été déterminées selon les normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Selon les résultats de cette enquête, la prévalence globale du surpoids et de l’obésité étaient respectivement 38,78 % et 30,61 %. La prévalence de l’obésité abdominale était encore plus élevée 79,10 %. Un gradient positif de la prévalence de l’obésité a été observé du milieu rural vers le milieu urbain. Nos résultats montrent que les femmes les plus âgées de notre échantillon étaient les plus touchées par l’obésité. En outre, nos résultats montrent que les facteurs de risques des maladies cardiovasculaires sont très répandus : 35 % d’hypertension artérielle, 22,9 % d’hypercholestérolémie, 18,6 % d’hypertriglycéridémie, 7,5 % d’hyperglycémie, 6,5 % de diabète de type de II, 35 % de syndrome métabolique selon la définition de l’IDF et 29 % de dyslipidémie. L’association des facteurs de risques indiquait que plus de 33 % des femmes de la préfecture d’Oujda avaient un facteur de risque et plus de 50 % des femmes d’âge≥40ans associaient plus de trois facteurs. Les femmes obèses ont une forte probabilité d’avoir tous les risques des maladies cardiovasculaires : parmi les femmes obèses, 47 % sont hypertendues, 33,30 % sont atteintes d’hypercholestérolémie 23 % diabétiques et 55,5 % sont atteintes d’hypertriglycéridémie. D’autre part, l’anémie touche 16 % des femmes en âge de procréer. De plus, la prévalence globale des malnutritions protéinoénergétique des enfants dans cette étude était de 17,4 %, dont 16,02 % souffraient de retard de croissance, 4,33 % d’insuffisance pondérale et 2,51 % d’émaciation. La prévalence du surpoids chez les enfants était de 11,8 %, dont 4,1 % étaient obèses. En combinant les deux formes des malnutritions (par excès et par carence), nous avons retrouvé que la DCM touchait 9,48 % des ménages de cette population et 12,90 % des individus. L’association des facteurs sociodémographiques avec la double charge montre que l’âge et le nombre d’enfants sont corrélés avec la double charge individuelle chez les femmes, alors que l’âge et le niveau d’études des mères sont significativement corrélés à la double charge dans les ménages. Les autres facteurs sociodémographiques ne sont pas impliqués dans la double charge des malnutritions dans notre étude.

La double charge de malnutrition est une réalité au Maroc. Les preuves apportées par notre étude soulignent la nécessité de la mise en œuvre des programmes éducatifs visant à améliorer la connaissance nutritionnelle, à fin de prévenir la malnutrition avec ces deux formes.