Le système d’information nutritionnel à cinq couleurs (5-C), comportant cinq classes de qualité nutritionnelle, et fondé sur le profil nutritionnel de la FSA, a été proposé pour être apposé en face avant des emballages alimentaires en France. L’objectif du 5-C est d’orienter les consommateurs vers des choix alimentaires de meilleure qualité nutritionnelle. Néanmoins, l’impact potentiel de substitution d’aliments d’une même catégorie à partir du 5-C sur l’équilibre des apports alimentaires et nutritionnels des individus reste à évaluer. L’objectif de ce travail était donc (1) d’évaluer la part respective des aliments de chaque « couleur » dans l’alimentation des individus en individualisant des profils de consommateurs et (2) d’évaluer l’impact sur les apports nutritionnels de substitutions d’aliments à partir du système 5-C dans les différents profils de consommateurs identifiés.

Les données alimentaires ont été collectées via des enregistrements de 24heures fournis par les participants de l’étude NutriNet (n=95 944). Le score FSA a été calculé pour chaque aliment et boisson consommés. Les parts de l’énergie totale provenant d’aliments de chaque « couleur » ont été utilisées dans une procédure de clustering. La substitution d’aliments d’une même catégorie par des aliments mieux classés selon le système 5-C a été simulée : (1) substitution de l’ensemble des aliments par des aliments mieux classés selon le 5-C (toutes classes confondues) ; (2) substitution de l’ensemble des aliments par des aliments mieux classés dans la classe adjacente du 5-C ; (3) substitution de 30 % des aliments selon le scénario n^o 2.

Dans l’ensemble, chaque « couleur » du 5-C représentait une part non négligeable des apports alimentaires (>10 %). Cinq profils de consommateurs ont été identifiés : « Traditionnels » (28,0 %) caractérisé par la consommation de pommes de terres, pain, viande, lait ; « Sucré » (23,2 %), caractérisé par la consommation de fruits secs, céréales du petit déjeuner ; « Occidental » (17,0 %) caractérisé par la consommation de sodas, charcuterie, produits de snacking ; « Santé » (23,9 %) caractérisé par la consommation de fruits et légumes, légumineuses, céréales complètes et produits de la mer ; « Gras » (7,9 %) caractérisé par la consommation de fromages, de produits gras et sucrés/salés. Les scénarios de substitution aboutissaient à une diminution des apports en lipides (jusqu’à–33,3g/j), acides gras saturés (jusqu’à–21,2g/j), sucres ajoutés (jusqu’à −21,9g/j) et sodium (jusqu’à −915mg/j) et une augmentation des apports en fibres (jusqu’à +5,6g/j) et vitamines. Les modifications simulées étaient plus importantes pour les profils Occidental » et « Sucré » que pour le profil « Santé », montrant un potentiel d’impact plus élevé pour les sujets ayant une alimentation de moins bonne qualité nutritionnelle.

Le système 5-C pourrait être un outil efficace pour conduire à des améliorations de la qualité nutritionnelle de l’alimentation des individus, notamment chez ceux dont le profil alimentaire est moins favorable sur le plan nutritionnel.