Consommation de tabac pendant la grossesse et prématurité - 09/03/08
Actuellement, en France, 25 % des femmes enceintes fument. Les effets néfastes du tabac sur les risques d'hypofertilité, de grossesse extra-utérine, de fausses-couches, de retard de croissance intra-utérin, sont bien établis. Cependant, l'action du tabac sur la prématurité est moins claire. En effet, la littérature internationale est contradictoire, et le risque de prématurité, lorsqu'il existe, est plutôt limité aux grandes fumeuses. Ainsi, le premier objectif de l'étude était de déterminer si, en France, l'usage du tabac pendant la grossesse était associé à un risque de prématurité, et si oui, de quantifier ce risque. Le deuxième but était de rechercher si ce risque variait selon différentes sous-populations, en particulier en fonction de la parité et des antécédents obstétricaux pathologiques.
L'étude a porté sur les données de l'enquête nationale périnatale de 1998, 13 073 naissances vivantes, uniques, en France métropolitaine, dont 4,7 % de prématurés (< 37 semaines révolues d'aménorrhée). Les données proviennent de l'interrogatoire des femmes en suites de couches ou du dossier médical.
Au 3 e trimestre de la grossesse, 15 % des femmes fumaient moins de 10 cigarettes par jour (moyennes fumeuses) et 10 % en fumaient au moins 10 (grandes fumeuses). L'odds ratio (OR) de prématurité associé à l'usage du tabac est de 1,21 (IC95 % = 1,00-1,46) sur l'ensemble de la population. Les OR sont de 0,93 (IC = 0,68-1,27) chez les primipares, de 1,47 (IC = 1,10-1,97) chez les multipares sans antécédents obstétricaux pathologiques et de 0,86 (IC = 0,55-1,33) chez les multipares avec antécédents. Après prise en compte de l'âge, de la situation maritale, de l'emploi, du niveau d'études et des antécédents d'IVG par analyse multivariée, les OR sont légèrement diminués. De plus, chez les multipares sans antécédents, le risque semble plus élevé chez les grandes fumeuses (OR = 1,46 ; IC = 0,98-2,20) que chez les moyennes fumeuses (OR = 1,25 ; IC = 0,83-1,87).
Globalement, le tabac n'apparaît pas comme facteur de risque de prématurité. À consommation élevée, il semble modérément associé à la prématurité chez les femmes à bas risque de par leurs antécédents obstétricaux.
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Vol 31 - N° 2
P. 206 - avril 2002 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.