Survenue de 3 cas d’aménorrhée sous romidepsine : un effet indésirable jamais rapporté - 25/11/17
Résumé |
Introduction |
La romidepsine (Istodax®) est un inhibiteur des histone-déacétylases, qui, via le remodelage de la chromatine, induit l’arrêt de la croissance et de la différenciation cellulaire puis une apoptose. Plusieurs études de phase 2 ont montré son efficacité et sa relativement bonne tolérance dans des lymphomes T cutanés et périphériques réfractaires. Disponible en France en ATU nominative, ses effets indésirables connus sont nombreux, les plus fréquents étant nausées, vomissements, fatigue, infections, anorexie, dysgueusie, diarrhée, constipation, fièvre, anémie, hypomagnésémie, thrombopénie et neutropénie. Nous décrivons ici 3 cas d’aménorrhée secondaire avec profil de ménopause précoce survenus lors d’un traitement par romidepsine, effet indésirable jamais rapporté.
Observations |
Trois femmes de 37, 28 et 29 ans étaient traitées par romidepsine pour respectivement un lymphome T systémique, un mycosis fongoïde pilotrope avec atteinte systémique et un mycosis fongoïde réfractaire à de multiples lignes. Les patientes étaient respectivement G1P1, G0P0 et G1P1 et avaient des cycles réguliers avant l’instauration du traitement par romidepsine. Elles avaient reçu 9 cycles, 5 cycles et 1 cycle de romidepsine. Pour chacune des 3 patientes, une aménorrhée secondaire était notée dès le premier cycle de romidepsine et un bilan endocrinologique trouvait un profil de ménopause précoce (FSH augmentée, estradiol effondré). L’aménorrhée a été réversible dans 100 % de cas avec un retour de règles 4 mois et 3 mois après l’arrêt de la romidepsine chez les deux premières patientes. Pour la dernière patiente, il n’a y a pas eu de retour de règles spontanées mais survenue d’une grossesse 10 mois après l’arrêt de la romidepsine suite à une stimulation hormonale estroprogestative.
Discussion |
Nous rapportons donc pour la première fois, 3 cas d’aménorrhée secondaire sous romidepsine avec profil hormonal de ménopause précoce. Dans les 3 cas, il s’agit d’un effet indésirable de grade 3, l’aménorrhée ayant duré plus de 6 mois. Après interrogation du service d’information médicale du laboratoire Celgène, cet effet indésirable n’est pas rapporté. Nous avons donc effectué une déclaration de pharmacovigilance. Dans les études pharmacologiques, la romidepsine montre une affinité forte pour les récepteurs aux œstrogènes. Dans une étude toxicologique effectuée chez le rat femelle ayant reçu la romidepsine pendant 26 semaines à la dose de 0,6mg/m2/jour, on observait une atrophie des ovaires, de l’utérus, du vagin et des glandes mammaires. Dans une autre étude effectuée pendant 4 semaines, on observait un arrêt de maturation des follicules ovariens.
Conclusion |
La romidepsine devra donc être utilisée avec grande prudence chez la femme en âge de procréer, et, en cas de projet de grossesse à plus ou moins long terme, une alternative thérapeutique ou une cryoconservation ovocytaire devront être envisagées.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Aménorrhée, Lymphome, Romidepsine
Plan
Vol 144 - N° 12S
P. S67 - décembre 2017 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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