L’activité physique sous régime obésogène favorise une réponse immunitaire anti-tumorale : approche expérimentale dans un modèle murin de carcinogenèse mammaire - 15/11/18
Résumé |
Introduction et but de l’étude |
L’activité physique est recommandée pour limiter les effets délétères des pathologies chroniques comme l’obésité et obtenir un effet bénéfique global sur la santé. Dans le cas de la carcinogenèse mammaire, la pratique d’une activité physique est associée à une diminution du risque de cancer. Cependant, les mécanismes sous-jacents restent méconnus. Notre objectif est d’évaluer, dans un modèle murin orthotopique de carcinogenèse mammaire, l’impact de l’activité physique spontanée sur la réponse immunitaire au niveau systémique et tumoral chez des animaux nourris avec un régime hyperlipidique obésogène.
Matériel et méthodes |
Des souris femelles C57/bl6 âgées (33 semaines) ovariectomisées sont nourries avec un régime hyperlipidique (HL : 4,3kcal/g, dont lipides 45 % AET) et placées soit en environnement standard (ES, n=10) soit en environnement enrichi (EE, n=10) afin de favoriser l’activité physique spontanée et les interactions sociales. Après 4 semaines, les groupes reçoivent une implantation de cellules tumorales (EO771) dans la 4e glande mammaire. Au sacrifice, un phénotypage des cellules immunocompétentes est conduit par cytométrie en flux à partir des tumeurs et des principaux tissus immunitaires (thymus, rate, ganglions…). La réponse immunitaire est interprétée en regard de la composition corporelle, de l’activité physique spontanée des animaux ainsi que de la croissance tumorale, qui sont évaluées tout au long de l’expérimentation (7 semaines). Les comparaisons entre groupes sont réalisées par le test de Mann–Whitney et pour les évolutions pondérales selon le test de corrélation de Spearman.
Résultats et analyse statistique |
Les organes lymphoïdes périphériques (rate et ganglions inguinaux) présentent sous régime HL une hypertrophie corrélée à la taille de la tumeur quel que soit le groupe (r=0,4652, p<0,001 pour la rate ; r=0,2766, p<0,05 pour les ganglions). Cette hypertrophie est limitée par l’EE (p<0,05). En parallèle, le phénotypage des cellules immunitaires infiltrées dans la tumeur révèle une diminution des populations immunosuppressives (MDSC : 122±17 vs 278±42 cellules/mg tumeur, EE vs ES, p<0,05) associée à une modification du ratio lymphocytes T cytotoxiques/T régulateurs (LTc/LTreg : 9,7±6,1 vs 1,4±0,1, EE vs ES, p<0,05) favorisant l’infiltration de LTc sous environnement enrichi.
Alors qu’une diminution de l’activité physique spontanée est observée en ES en présence de tumeur, elle est augmentée par l’EE (39 % vs 150 %, p<0,001) et s’accompagne d’un volume tumoral diminué (878±233mm3 vs 1499±329 à 21jours, EE vs ES, p<0,05).
Conclusion |
Dans notre modèle, l’activité physique spontanée des animaux en environnement enrichi induit une modification de la migration des cellules immunitaires (LT, MDSC…) depuis les organes lymphoïdes secondaires vers la tumeur ainsi qu’une réduction de la croissance tumorale. Une telle pratique physique se traduit par une diminution de l’hypertrophie des organes lymphoïdes et une repolarisation de la réponse immunitaire anti-tumorale au niveau systémique et tumoral. Ainsi, l’activité physique spontanée induit un recrutement intra-tumoral de cellules cytotoxiques limitant la carcinogenèse.
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Vol 32 - N° 4
P. 239 - novembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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