La mise en place d’ateliers de cuisine thérapeutique dans un centre de lutte contre le cancer a pour objectifs d’adapter l’alimentation des patients en fonction de leurs troubles sensoriels, de les aider à retrouver le goût de manger, d’ajuster leurs repas en fonction de leurs besoins, mais aussi de recouvrer le goût du partage et l’envie de se faire plaisir. De nombreux ateliers de cuisines thérapeutiques à destination de patients atteints d’un cancer sont réalisés en France dans des établissements privés, publics ou dans le cadre associatif. Peu font aujourd’hui l’objet d’une évaluation alors même que ces dispositifs peuvent constituer un outil d’éducation thérapeutique innovant faisant partie intégrante de la prise en charge nutritionnelle du patient complémentaire à la consultation diététique classique. Des ateliers de cuisine ont donc été ici développés et évalués.

Un groupe pilote de 5 patientes atteintes d’un cancer féminin, récemment diagnostiqué ont été recrutées au Centre de lutte contre le cancer Georges-François-Leclerc de Dijon pour suivre des ateliers de cuisine. Une première enquête pilote ainsi que la littérature pointent que les femmes reçoivent moins d’aides spontanées de la part de leurs proches pour assurer la préparation des repas (Mermilliod et Mouquet, 2008), c’est pourquoi seules des patientes ont été ici investiguées. Trois ateliers de cuisine ont eu lieu avec une animation pluridisciplinaire (un chef cuisinier, deux médecins oncologues, une diététicienne) avec un programme de 3 ateliers visant à répondre aux problématiques rencontrées par les patientes : troubles sensoriels, dénutrition, isolement social. Un entretien individuel, un carnet de bord des prises alimentaires pendant 7jours ainsi que des tâches de tris ont été réalisés avec chaque participante avant et après les trois ateliers afin de discuter de leurs pratiques et de leurs représentations alimentaires.

Ce format innovant (animation pluridisciplinaire, programme de 3 ateliers) a permis des discussions au sujet des idées reçues concernant l’alimentation, des régimes mis en place arbitrairement par les patients et ainsi d’échanger et de co-construire l’acte culinaire autour de savoirs, d’expériences et de vécus. L’analyse des entretiens, des carnets de bord alimentaires et des tâches de tris soulignent que leur relation à l’alimentation et leurs représentations alimentaires des patientes ont été modifiées bien que ces ateliers n’aient pas drastiquement changé leurs comportements alimentaires et leur rapport à la cuisine.

Les ateliers pluridisciplinaires suivant un programme répondant aux problématiques rencontrées par les patients dans une dynamique de co-construction ont montré une efficacité concernant les pratiques et les représentations alimentaires. Les résultats préliminaires soulignent que la prise en charge diététique doit dépasser le cadre nutritionnel pour proposer des dispositifs plus holistiques s’adaptant ainsi à la prise en charge à domicile des patients. Le projet d’évaluation va aujourd’hui se poursuivre sur un plus gros échantillon.