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L’ustékinumab déclenche-t-il des accidents cardiovasculaires ? (SNDS-SNIIRAM 2010–2016) - 15/01/19

Doi : 10.1016/j.annder.2018.09.086 
F. Poizeau 1, 2, , E. Nowak 1, S. Kerbrat 1, B. Le Nautout 1, C. Droitcourt 1, 2, B. Guillot 3, E. Sbidian 4, M.-D. Drici 5, H. Bachelez 6, A. Happe 1, E. Oger 1, A. Dupuy 1, 2
1 UPRES-EA 7449 REPERES, université de Rennes 1 
2 Dermatologie, CHU Rennes 
3 Dermatologie, CHU Montpellier 
4 Dermatologie, hôpital Henri-Mondor, AP–HP, Créteil 
5 Pharmacologie clinique, CHU Nice 
6 Dermatologie, hôpital Saint-Louis, AP–HP, Paris, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

L’ustékinumab (Stelara®) est un anticorps monoclonal anti-interleukine (IL) 12/23 commercialisé depuis mars 2010. Une méta-analyse a alerté en 2011 sur un possible risque d’événements cardiovasculaires graves (ECVG). Aucun travail n’a été mené par la suite pour confirmer ou infirmer ce risque potentiel. L’ustékinumab pourrait déstabiliser les plaques d’athérome, via l’inhibition de la population lymphocytaire T helper 17. L’objectif était de rechercher un effet déclencheur d’ECVG à l’initiation de l’ustékinumab.

Patients et méthodes

L’ensemble des patients exposés à l’ustékinumab entre 2010 et 2016 a été identifié à partir des bases de données françaises de l’Assurance maladie (SNDS-SNIIRAM). Les ECVG retenus étaient les syndromes coronariens aigus (SCA) et accidents vasculaires cérébraux (AVC) ischémiques. L’hypothèse d’une période à risque de 6 mois suivant l’initiation de l’ustékinumab a été testée par une analyse « case-time-control ». Elle compare, chez les sujets ayant fait un ECVG, le nombre d’initiations pendant les 6 mois qui précèdent les ECVG à celui des 6 mois antérieurs.

Résultats

Parmi les 9290 patients exposés à l’ustékinumab, 75 ont présenté un SCA, un AVC ou un angor instable en cours de traitement. L’incidence d’ECVG était de 61 pour 100 000 personnes-mois, IC 95 % [43 ; 86] dans les 6 premiers mois après l’initiation. L’analyse « case-time-control » des 98 ECVG survenus avant, pendant ou après la cure, et des 392 « témoins pour la tendance temporelle », a montré des OR significativement différents selon le niveau de risque cardiovasculaire du patient, estimé à partir de ses facteurs de risque cardiovasculaires. Chez les patients à faible risque cardiovasculaire, on n’observait pas d’effet déclencheur de l’ustékinumab (OR=0,30, IC 95 % [0,03 ; 3,13]). Chez les patients à risque cardiovasculaire élevé, on observait un risque significatif de déclenchement d’ECVG par l’ustékinumab (OR=4,17 [1,19 ; 14,59]). Ce risque persistait dans les analyses de sensibilité (Annexe A).

Discussion

Nos résultats suggèrent un « effet déclencheur » d’ECVG dans les mois qui suivent l’initiation de l’ustékinumab, identifié chez les patients à risque cardiovasculaire élevé, en cohérence avec l’hypothèse physiopathologique de déstabilisation des plaques d’athérome.

Conclusion

Ces résultats incitent à des mesures de prudence dans l’indication d’ustékinumab chez des sujets à risque cardiovasculaire. Les autres biothérapies impliquant la voie lymphocytaire T helper 17 (anti-IL17A, anti-IL17RA, anti-IL23), récemment commercialisées, pourraient être concernées par ce signal.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Anti-IL12/23, Anti-IL17, Risque cardiovasculaire, Pharmaco-épidémiologie, Psoriasis en plaques, SNDS-SNIIRAM, Ustékinumab


Plan


 Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : https://doi.org/10.1016/j.annder.2018.09.086.


© 2018  Publié par Elsevier Masson SAS.
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Vol 145 - N° 12S

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