Les malades greffés d'organes ont des manifestations cutanées liées aux effets spécifiques des traitements immunosuppresseurs et/ou à l'immunosuppression. S'il existe de nombreux travaux portant sur les greffés rénaux, peu d'études concernent les greffés hépatiques. Nous avons réalisé une étude rétrospective portant sur les pathologies dermatologiques observées après transplantation hépatique.

L'étude a concerné la file active des greffés hépatiques suivis dans le service d'Hépatologie du CHU de Besançon depuis 1986. Quatre-vingt-six greffés ont été examinés entre le 1 ^er janvier 1997 et le 1 ^er mai 1998. Une fiche standardisée était utilisée. Nous avons recherché les manifestations cutanées liées aux traitements immunosuppresseurs et la présence de lésions infectieuses et tumorales par l'examen clinique et l'interrogatoire.

Les effets cutanés liés aux traitements immunosuppresseurs étaient les suivants : hypertrichose (46,5 p. 100 des cas), hyperplasie gingivale (18,5 p. 100), acné (8,2 p. 100), atrophie cutanée (23,2 p. 100), purpura de Bateman (13,9 p. 100), hyperplasie sébacée (17,4 p. 100). Les lésions infectieuses étaient les suivantes : érysipèle (2 cas), folliculite (2 cas), infections fongiques banales (29 p. 100 des cas), herpès cutanéo-muqueux (13,9 p. 100), zona (3 p. 100), verrues (38,3 p. 100 dont 24,4 p. 100 de verrues vulgaires et 7 p. 100 de condylomes externes). La pathologie tumorale comportait : kératoses actiniques (17,4 p. 100), carcinomes cutanés (13,9 p. 100 dont 7 carcinomes épidermoïdes et 11 carcinomes basocellulaires). Il existait une corrélation entre l'ancienneté de la greffe et la survenue de carcinomes cutanés, entre la présence de kératoses actiniques et de carcinomes cutanés, entre la présence de verrues vulgaires et de carcinomes épidermoïdes.

Cette étude a montré que les pathologies cutanées iatrogènes, infectieuses et tumorales étaient aussi fréquentes et globalement similaires chez les greffés hépatiques que chez les greffés rénaux. Cependant, dans notre série, nous avons trouvé une fréquence moindre de verrues que chez les greffés rénaux et une prédominance de carcinomes basocellulaires par rapport aux carcinomes épidermoïdes contrairement aux greffés rénaux. L'hypothèse d'une immunosuppression moins importante chez les greffés hépatiques que chez les greffés rénaux pourrait être avancée, l'âge pourrait également intervenir.

Organ transplanted patients exhibit cutaneous lesions caused by immunosuppressive treatment and/or immunosuppression itself. Several selected studies concerning kidney transplants have been reported, but few concerning liver transplants. We report a retrospective study of skin diseases after liver transplantation.

This study was carried out on liver transplanted patients at the University hospital in Besançon since 1986. Eighty six patients were examined between January 1997 and May 1998. Standardized data obtained at the clinical examination and from past history were compiled concerning cutaneous side effects of immunosuppressive treatments as well as infectious and tumoral skin lesions.

Cutaneous side effects related to immunosuppressive treatments: 46.5p. 100 of patients exhibited hypertrichosis, 18.5p. 100 gingival hyperplasia, 8.2p. 100 acne, 23.2p. 100 skin atrophy, 13.9p. 100 senile purpura and 17.4p. 100 sebaceous hyperplasia. Infectious diseases were 2 erysipelas, 2 folliculitis, 29p. 100 of common fungal infections, 13.9p. 100 of mucocutaneous herpes simplex infections, 3p. 100 of zoster, 38.3p. 100 of cutaneous warts (24.4p. 100 of common warts and 7p. 100 of condylomata). Tumoral skin lesions were 17.4p. 100 of actinic keratoses, 13.9p. 100 of skin cancer (7 squamous and 11 basal cell carcinoma). A correlation was shown between time past graft and the occurrence of skin cancer, between actinic keratoses and skin cancer and between common warts and squamous cell carcinoma.

We have demonstrated that drug induced skin disorders, infections and tumoral skin diseases were similar and as frequent in liver as in kidney transplanted patients. However, a lower frequency of warts was observed in liver transplanted patients as well as a higher frequency of basal cell carcinoma, compared with squamous cell carcinoma. This ratio is reversed in kidney grafted patients. These results suggest that immunosuppression is lower in liver transplanted patients with possible age involvement.