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Cancers cutanés non mélaniques et papillomavirus humains - 29/04/08

Doi : AD-12-2003-130-12-0151-9638-101019-ART7 

F. Aubin [1 et 2],

O. Humbey [1],

J.-S. Guérrini [1],

C. Mougin [1],

R. Laurent [2]

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Si les radiations ultraviolettes (UV) sont considérées comme le principal agent environnemental responsable de la carcinogenèse cutanée non mélanique, d'autres co-facteurs tels que le statut immunitaire, une susceptibilité génétique ou une infection par papillomavirus humain (HPV) sont probablement impliqués. Il existe de nombreux arguments épidémiologiques, virologiques et moléculaires qui démontre le rôle étiologique essentiel des HPV muqueux oncogènes dans le développement du cancer du col utérin. Par contre, la responsabilité des HPV dans la carcinogenèse cutanée fait toujours l'objet de controverses. L'association entre les HPV et les cancers cutanés non mélaniques a été initialement observée chez les patients souffrant d'épidermodysplasie verruciforme puis secondairement chez les patients transplantés d'organe. De plus, la majorité de ces tumeurs surviennent en peau exposée aux UV. Chez ces patients, l'ADN d'HPV muqueux et/ou cutané a été mis en évidence dans environ 60 à 90 p. 100 des tumeurs cutanées analysées, mais aussi dans les lésions cutanées pré-néoplasiques ou bénignes, et en peau saine. De même chez les sujets sains immunocompétents, la prévalence d'ADN d'HPV atteint environ 40 p. 100 que ce soit dans les tumeurs ou les lésions pré-néoplasiques cutanées ou en peau saine, en particulier dans les follicules pileux. Dans les tumeurs cutanées, aucun type viral d'HPV ne prédomine, et la charge virale est le plus souvent très faible. Bien que ces observations ne suggèrent pas un rôle direct des HPV dans la carcinogenèse cutanée non mélanique, elles n'excluent pas un effet carcinogène des oncoprotéines virales. Ainsi, les HPV muqueux oncogènes codent 2 oncoprotéines E6 et E7 qui inactivent respectivement les protéines suppresseurs de tumeurs p53 et pRb, et entrainent l'immortalisation des cellules épithéliales après transfection. De plus, l'existence d'un polymorphisme génétique de p53 sur le codon 72 serait un facteur de susceptibilité génétique pour la carcinogenèse cutanée induite par les HPV muqueux. A l'inverse, l'oncoprotéine E6 des HPV cutanées n'interagit pas avec p53, mais empêche l'apoptose induite par les UV et permet donc la survie des cellules épithéliales présentant des mutations induites par les UV. Enfin, les oncoprotéines E6 et E7 présenteraient une activité immunosuppressive locale favorisant la persistance de l'infection par HPV et l'échappement des cellules tumorales à la surveillance immunitaire. Ainsi, il existe actuellement de plus en plus d'arguments impliquant les HPV muqueux et cutanés dans la carcinogenèse cutanée non mélanique, en tant que co-facteur associé aux radiations UV et au statut immunitaire de l'hôte.

Non-melanoma skin cancers and human papillomavirus.

Ultraviolet radiation (UV) is considered as a key environmental risk factor of non-melanoma skin cancer (NMSC), but other factors such as immunological status, genetic predisposition and infection by human papillomavirus (HPV) may also be involved. Although there is overwhelming epidemiological and molecular evidence that indicates a direct role for specific mucosal HPV-types in anogenital cancers, in particular cervical cancer, the pathogenic role of HPV in the development of NMSC remains speculative. The association between HPV and NMSC was first identified in patients with epidermodysplasia verruciformis (EV) and later in recipients of organ transplants. All these patients develop NMSC at sun-exposed sites. Cutaneous and mucosal HPV-DNA have been detected in about 60 to 90 p. 100 of NMSC, but also in benign epithelial lesions, and even in normal skin. However and although at a lower rate (about 40 p. 100), HPV-DNA have also been detected in normal skin, in particular in hair follicles, and in premalignant lesions and in NMSC from non-EV and immunocompetent subjects. Furthermore, no particular HPV type predominates and the viral load in NMSC seems lower than in benign epithelial lesions. Although all these findings argue against a direct involvement of HPV in NMSC, they may suggest a “hit and run” mechanism which no longer requires the viral agent but the activity of HPV oncoproteins. High risk mucosal HPV-types encode two major oncoproteins, E6 and E7, which inactivate two suppressor proteins, p53 and pRb respectively, and are sufficient for host-cell immortalization. A polymorphism resulting in either a proline or an arginine at codon 72 may also be a relevant risk factor for mucosal HPV-types-associated NMSC. By contrast, E6 of skin HPV-types fails to interact with p53, but prevents infected cells from UV-induced apoptosis leading thus to the propagation of deleterious UV-induced mutations. Immunosuppressive activities of HPV E6 and E7 proteins permit persistent HPV infection and the impairment of immunologic removal of UV-damaged cells. These results support a role for HPV infection in skin carcinogenesis as a co-factor in association with UV and immunosuppression.


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Vol 130 - N° 12

P. 1131-1138 - décembre 2003 Retour au numéro
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