L'incidence du mélanome et la mortalité qui en résulte ont fait l'objet de nombreuses études. Néanmoins, des controverses persistent quant à l'interprétation des taux observés et à l'existence d'une réelle « épidémie » de mélanomes dans les populations de peau blanche.

Analyser les données d'épidémiologie descriptive disponibles pour le mélanome cutané en France et en Europe.

Les données d'incidence et de mortalité publiées dans la littérature et sur Internet ont été revues et analysées.

En France, entre 1980 et 2000, le taux d'incidence du mélanome standardisé sur la population mondiale a augmenté de 2,4 à 7,6 pour 100 000 personnes/années chez les hommes et de 3,9 à 9,5 chez les femmes. Dans le département du Haut-Rhin où les indices de Breslow ont été enregistrés, l'augmentation de l'incidence s'est accompagnée d'une augmentation de la proportion des mélanomes peu épais. En 2000, le nombre estimé de nouveaux cas de mélanomes cutanés était de 7 231, avec 58 p. 100 de cas féminins et 42 p. 100 de cas masculins. On notait d'importantes disparités géographiques entre les neuf départements français pourvus de registres. L'augmentation de l'incidence s'est accompagnée d'une augmentation de la mortalité. Entre 1969 et 1997, la mortalité par mélanome a été multipliée par 2,7 chez la femme et par 2,9 chez l'homme. En 2000, 1 364 décès étaient attribués au mélanome. Les taux de mortalité standardisés sur la population mondiale étaient de 1,6/100 000 personnes/années chez l'homme et 1,1/100 000 personnes/années chez la femme.

En Europe, une augmentation importante de l'incidence et de la mortalité a été enregistrée dans tous les pays depuis les années 1950. Elle était plus précoce et plus importante dans les pays d'Europe du Nord, suivis par ceux d'Europe de l'Ouest, puis de l'Est et du Sud. Les disparités géographiques étaient très importantes, avec un double gradient dégressif nord-sud et ouest-est. L'analyse des tendances évolutives récentes montre, dans les pays à très forte incidence comme ceux d'Europe du Nord, une tendance à la stabilisation de l'incidence et une diminution de la mortalité chez les jeunes.

En France comme en Europe, l'augmentation de l'incidence du mélanome et celle, consécutive, de la mortalité, sont réelles et importantes, avec un maximum dans les pays d'Europe du Nord. La diminution de la mortalité constatée récemment dans les cohortes jeunes de ces pays et de certains pays d'Europe de l'Ouest pourrait annoncer une baisse ultérieure dans les cohortes plus âgées et dans le reste de l'Europe. Les actions massives de prévention primaire et secondaire paraissent efficaces et doivent être renforcées.

The incidence of melanoma and the resulting mortality have been the subject of many studies. However, controversy remains as to the interpretation of the number of cases observed and the existence of an actual "epidemic" of melanomas in fair-skinned populations.

Analyze the descriptive epidemiological data available concerning cutaneous melanomas in France and in Europe.

Data regarding incidence and mortality published in the literature and on the Internet were reviewed and analyzed.

In France, between 1980 and 2000, the standardized worldwide population incidence rate of melanoma increased from 2.4 to 7.6 per 100.000 inhabitants/years in men and from 3.9 to 9.5 in women. In the Haut-Rhin department in France, where Breslow indexes are registered, the increase in incidence was accompanied by an increase in the proportion of thin melanomas. In the year 2000, the estimated number of new cases of cutaneous melanomas was of 7231, with 58 p. 100 female and 42 p. 100 male cases. Great geographical disparity among the 9 departments in France equipped with registers was noted. This increase in incidence was accompanied by an increase in mortality. Between 1969 and 1997, mortality due to melanoma was multiplied by 2.7 in women and by 2.9 in men. In the year 2000, 1364 deaths were attributed to a melanoma. The standardized worldwide mortality rates were of 1.6/100000 inhabitants/years in men and 1.1/100000 inhabitants/years in women.

In Europe, a great increase in the incidence and mortality has been registered in all countries since the nineteen fifties. It was earlier and greater in northern European countries, followed by western European countries, and finally by eastern and southern countries. There was great geographical disparity, with a double decreasing North-South East-West gradient. Analysis of the recent trends in development, in countries with high incidence such as those of northern Europe, showed a trend towards the stabilization in the incidence and decreased mortality in young adults.

In France, as in Europe, the extensive increase in incidence of melanoma and resulting mortality is a reality, reaching a peak in the northern European countries. The decrease in mortality observed recently in young cohorts in these countries and in Eastern Europe may announce an ultimate decrease in the older populations and the rest of Europe. Massive primary and secondary prevention campaigns seem effective and warrant reinforcement.