O013 Une influence indépendante de la dénutrition sur la durée d’hospitalisation - 19/05/08
Résumé |
Introduction et but de l’étude |
La dénutrition ou son risque sont classiquement associés à une augmentation de la durée de séjour, mais la sélection de la population étudiée ou l’absence de prise en compte de la pathologie et de sa gravité biaisent cette relation. L’objectif de ce travail a été d’évaluer l’impact du risque nutritionnel sur la durée de séjour dans une population hospitalière non sélectionnée, prenant en compte la pathologie et sa gravité via le codage en groupes homogènes de malades (GHM).
Matériel et methods |
Nous avons analysé les codages PMSI ainsi que les fiches d’évaluation nutritionnelle remplies par les diététiciennes sur une période de 45 mois dans 9 services médicaux et chirurgicaux d’un hôpital de 300 lits. La dénutrition et son risque ont été évalués par l’IMC, l’albuminémie et le GNRI* (valeurs seuil à 92 pour la dénutrition modérée et 82 pour la dénutrition sévère). Le différentiel de durée de séjour (DDS, durée effective moins durée standardisée nationale pour chaque GHM) était le critère de jugement principal. Age, sexe, type de séjour, catégorie majeure de diagnostic ont été également relevés. L’analyse statistique a évalué l’influence de différents facteurs sur le DDS par ANOVA.
Résultats |
1 198 malades ont été inclus (599 H, 599 F, d’âge moyen 71±18 ans [M±SD]), représentant 1 310 séjours (86 % en médecine et 14 % en chirurgie). La dénutrition était absente/modérée/sévère chez 53/27/20 % des malades (GNRI), 37/31/32 % (albuminémie) et 73/17/10 % (IMC), avec une bonne corrélation entre GNRI et albuminémie (k=0,51), GNRI et IMC (k=0,37), mais une mauvaise corrélation entre albuminémie et IMC (k=0,05). Le GNRI a été retenu. Il a été évalué en moyenne au bout de 4,0±6,8 jours d’hospitalisation chez les non-dénutris, 5,0±6,9 j chez les modérément dénutris et 5,7±7,6j chez les sévèrement dénutris (P=0,002 entre les non-dénutris et les sévèrement dénutris). 73 malades sont décédés ; en analyse multivariée, l’OR pour le décès était de 4,4 [IC95 %=2,2-9,3] en cas de dénutrition modérée et de 8,7 [IC95 %=4,4-18,3] en cas de dénutrition sévère. Les 73 malades décédés ont été exclus de l’analyse du DDS. Le DDS était de 2,1±9,8j chez les non-dénutris, 3,5±12,9j chez les modérément dénutris et 3,9±14,2j chez les sévèrement dénutris (P=0,05 entre chacun des groupes). En analyse multivariée, la dénutrition était liée au DDS indépendamment de l’âge, du sexe et du type de GHM (médical vs. chirurgical).
Conclusions |
Le risque de dénutrition évalué par le GNRI influence de manière indépendante, outre la mortalité, la durée d’hospitalisation indépendamment de l’âge, du sexe, de la pathologie et de sa gravité, ce qui confirme les implications médico-économiques de la dénutrition. L’analyse est fragilisée par un calcul plus tardif du GNRI chez les malades à risque sévère de dénutrition mais ne remet pas en cause les données chez les malades à risque modéré.
* Bouillane et al. Am J Clin Nutr 2005
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 21 - N° S2
P. 37 - mars 2007 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.