Depuis le début des années 90, l’intérêt porté à la dénutrition hospitalière soulève des questions sur le bon usage de la nutrition artificielle. La nutrition parentérale (NP) présente un risque iatrogène technique, septique et métabolique important et doit donc être mise en place uniquement lorsque la nutrition entérale (NE) est impossible, insuffisante ou mal tolérée. Entre 2004 et 2007, une augmentation d’environ 20 % de la consommation de poches souples tricompartimentées utilisées en NP est observée au CHU de Dijon. Une enquête d’évaluation des pratiques professionnelles (EPP) a donc été menée de manière à évaluer la pertinence de la voie parentérale pour les prescriptions de nutrition chez l’adulte hospitalisé, puis à établir des recommandations internes.

Une étude observationnelle prospective a été menée sur 50 patients adultes. Hospitalisés dans les services de Réanimation et Soins Intensifs Chirurgicaux (Réa-SIC) et d’Hépato-Gastro-Entérologie (HGE), ils ont bénéficié d’une NP entre le 15 mars et le 31 mai 2007. Cette enquête d’EPP a été menée selon la revue de pertinence des soins, méthodologie requise par la HAS. Elle s’est articulée autour de plusieurs réunions pluridisciplinaires regroupant pharmaciens et médecins. Le groupe de travail a établi une grille de recueil de données comportant le référentiel des indications validées de NP et retenues comme critères de pertinence. D’autres informations, telles la reprise d’une alimentation, une NE envisagée ou les motifs de l’hospitalisation étaient également recherchées.

31 patients ont bénéficié d’une NP en Réa-SIC contre 19 patients en HGE. Les résultats obtenus montrent que 96 % des prescriptions de NP proviennent d’une pratique jugée pertinente : le pourcentage de pertinence atteint 100 % en Réa-SIC contre 89 % en HGE. Les indications de NP se sont avérées différentes dans ces 2 services étant donné les profils différents des patients hospitalisés. Cette enquête révèle par ailleurs que la prise en charge nutritive fait partie intégrante du traitement en Réa-SIC alors que les informations retrouvées dans les dossiers des patients hospitalisés en HGE, et relatives à l’état nutritionnel et à la prise en charge nutritive sont parfois incomplètes.Eléments relatifs au dépistage de la dénutrition retrouvés dans les dossiers de soins

Cette étude a montré une utilisation de la voie parentérale pour la nutrition le plus souvent justifiée et raisonnée, mais aussi des pratiques de prise en charge différentes d’un service à l’autre. Des actions d’amélioration ont donc été mises en place de manière à homogénéiser ces pratiques. Elles ont consisté à diffuser le référentiel des indications de NP établi par le groupe de travail, et un protocole élaboré par le CLAN du CHU visant à promouvoir l’utilisation de la NE. La mesure de l’efficacité de ces actions est programmée pour la dernière étape du projet, la diffusion de ces informations étant un préambule à l’amélioration de la prise en charge nutritionnelle des patients hospitalisés.